Pour les 19 millions d’utilisateurs français revendiqués par Vinted, revendre des vêtements dont ils ne veulent plus sur cette plateforme lituanienne vise avant tout à faire des économies, surtout dans un contexte de perte de pouvoir d’achat. Mais l’opportunité vantée par l’entreprise de donner aux vêtements « une seconde vie » trouve également un écho auprès des consommateurs. Selon une étude de l’Institut Kantar, 46% des personnes ayant acheté des vêtements d’occasion en 2020 l’ont également fait « dans un souci d’écologie, pour limiter le gaspillage ».

L’industrie de la mode est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre au monde, devant le transport maritime et aérien. La mondialisation de l’industrie, qui produit en Asie avant de distribuer la marchandise dans le monde entier, explique ce fort impact. A cela s’ajoutent la forte consommation d’eau et d’intrants chimiques et le faible recyclage des produits mis au rebut. Le Bon coin, Videdressing, Vinted, Collective Vestiaire… il existe des dizaines de plateformes de revente de vêtements en ligne, mais seul Vinted capte 70% des achats en 2020, selon Kantar.

Achats compulsifs

« Les friperies alimentent une virée shopping. Pour le même prix qu’un vêtement neuf, on peut en acheter trois ou quatre », critique Dominique Roux, chercheur à l’université de Reims, spécialisé dans les modes de consommation alternatifs. En 2019, les acheteurs de mode qui achetaient aussi bien de l’occasion que du neuf avaient tendance à acheter plus que ceux qui achetaient exclusivement du neuf, note Kantar, avec sept achats de plus par an en moyenne.

Selon Élodie Juge, docteure en sciences de gestion à l’université de Lille, le modèle de fonctionnement de certaines plateformes, comme Vinted, est en cause. « Il y a une accélération : pour que la plateforme soit vivante, il faut l’alimenter régulièrement, il faut une rotation » dans les produits, explique-t-il. « Celles qui font le tour des quais sont les fashionistas, qui commandent Zara, H&M, Shein, portent leurs robes deux fois et les revendent. »

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Un constat partagé par Hélène Janicaud, directrice du département mode à l’institut Kantar. Elle compare le comportement de certains acheteurs, qui achètent pour « avoir beaucoup d’articles à un prix inférieur », au « mécanisme d’achat compulsif observé dans les nouveaux ». Un comportement particulièrement visible entre 25-34 ans.

Le don, solution la moins polluante

Pourtant, sur son site ou son compte Instagram, Vinted vante les mérites de la sobriété en incitant ses membres à « séparer (leurs) désirs de (leurs) besoins », ou en les incitant à acheter des vêtements « (qu’on) a envie de porter ». en moins de 20 fois ».

Interrogé par l’AFP, Vinted a expliqué dans un mail que le système de notation « contribue à créer un climat de confiance entre les membres ». La plateforme vise ainsi à « faciliter l’expérience » des utilisateurs, ce qui « les aide à miser (…) sur le marché de l’occasion », plutôt que sur le marché du neuf, rappelant son engagement pour « l’occasion de premier choix ». . Vinted dit vouloir encourager la « prolongation de la durée de vie » des vêtements.

Pour les chercheurs interrogés, la solution la moins polluante pour se débarrasser des vêtements reste le don. « Beaucoup de fois on donne à nos proches ou à des associations proches, on ne va pas faire des kilomètres pour ça », plaide Dominique Roux.