Jeudi soir sur France 5, l’ancienne ministre de la Santé a redit qu’elle n’avait pas été assez entendue au début de l’épidémie, en 2020.
« On raconte une histoire aux Français, et la vraie histoire doit être connue. » Dans l’émission « C à vous », le 5 de France, jeudi 27 octobre, Agnès Buzyn a continué de donner sa version de la gestion de l’épidémie de Covid-19. L’ancien ministre de la Santé, qui « ne cherche rien d’autre qu’à exposer la réalité des faits », dit ne pas avoir été suffisamment entendu à l’époque. « J’ai dit publiquement dans plusieurs Conseils des ministres, que si ça se répandait, on pourrait avoir 100.000 morts. (…) Les ministres m’ont dit qu’ils trouvaient que j’étais trop inquiet, comme tous les médecins », assure l’ancien membre du gouvernement qui est mis en examen pour sa gestion des premières semaines de la pandémie.
Agnès Buzyn estime toutefois que la France a été « la première en Europe à agir ». « On prend des décisions extrêmement rapides », notamment sur les masques, estime-t-il. « La première commande a été lancée le 25 janvier », alors qu’il n’y avait que « 24 morts en Chine », assure-t-il. Les masques manquaient pourtant cruellement en France au début de l’épidémie.
L’hématologue de profession affirme être resté obsédé par l’épidémie même une fois qu’il a reçu un coup de pouce d’urgence en tant que candidat à la majorité aux élections municipales à Paris. « Je n’étais plus dans le métier, le président avait des conseillers, et évidemment leurs avis étaient en désaccord avec les miens », explique-t-elle, pour justifier le fait qu’elle, dit-elle, n’a pas été entendue.
« Si vous me demandez quel est le plus grand regret de ma vie, c’est de ne pas avoir géré la crise [Covid] et de ne pas avoir dit non » à me présenter aux élections municipales à Paris. « Ça m’a gâché la vie », raconte Agnès Buzyn, qui assure qu’une « pression » a été mise sur elle par l’exécutif et la majorité pour accepter de démissionner.
Selon une information publiée mardi dans Le Monde, l’ancienne ministre de la Santé a déjà affirmé avoir alerté Emmanuel Macron et Edouard Philippe en janvier 2020, mais qu’elle « ne s’est pas sentie entendue ». « J’étais, de loin, en Europe, la ministre la plus alerte. Mais personne ne s’en souciait », a-t-elle insisté selon des propos diffusés par le quotidien, qui dit avoir accès à un journal rédigé par l’ancienne ministre pendant la pandémie. Le Monde rapporte de nombreux SMS adressés au chef de l’Etat et à son ancien Premier ministre, le premier le 11 janvier 2020, à propos de l’épidémie apparue en Chine, qui alors « n’est pas encore apparue dans les médias », mais qui « peut rouler », a-t-elle écrit.