Le surmenage est bien plus insidieux qu’on ne le pense. Quels signes doivent alerter et comment les éviter ? Réponses d’Emilie Perrot, psychologue clinicienne, psychothérapeute et docteur en psychologie du travail.
Définition : qu’est-ce que le surmenage ?
Définition : qu’est-ce que le surmenage ?
Le surmenage désigne un état de stress et de fatigue persistant et durable qui impacte à la fois la sphère professionnelle et personnelle. « Vous avez l’impression de ne pas pouvoir accomplir vos tâches, de ne jamais dormir suffisamment et de courir après le temps en permanence », indique la psychologue. « On évoque plus volontiers un syndrome d’effondrement, qui peut conduire, à long terme, à la dépression », prévient-elle. Autrement dit, les personnes concernées ne sont plus en mesure de faire face au stress chronique et aux nombreuses sollicitations qu’elles reçoivent au quotidien.
Surmenage ou burn-out : quelles différences ?
Surmenage ou burn out : quelles différences ?
Le surmenage, contrairement au burn-out, n’est pas qu’une question de travail. En effet, elle s’applique également dans le cadre privé et familial. Dans la question ? Impératifs familiaux, démarches administratives diverses, rendez-vous divers, gestion financière au quotidien (courses, loyer et autres factures), gestion d’éventuels enfants et/ou d’éventuels animaux de compagnie, etc.
On peut considérer le surmenage comme une étape précédant le burnout. L’état d’épuisement et d’impuissance est généralement moins avancé qu’en cas de burn-out, précise Emilie Perrot.
Certaines personnes y sont-elles plus sensibles ?
Certaines personnes y sont-elles plus sensibles ?
Surmenage, épuisement, burn out… Ces expressions prennent tellement de place dans nos vies professionnelles et personnelles qu’elles semblent presque galvaudées. Pourtant, ils décrivent des situations bien réelles, dont les conséquences peuvent être graves pour les victimes et leur entourage.
On entend généralement dire que le sentiment d’effondrement touche principalement les personnalités très investies et émotionnellement dépendantes. Mais selon le psychologue, nous sommes tous susceptibles de vivre un épisode de surmenage conduisant à l’implosion. « Il n’y a malheureusement pas de ‘population à risque’ que l’on pourrait suivre en particulier. Tout le monde peut, un jour, se retrouver dépassé par sa vie personnelle et professionnelle », insiste-t-elle.
Cependant, certains facteurs individuels et professionnels peuvent prédisposer à des moments troublés : « quand on vit un deuil, qu’on est aidant familial, qu’on a beaucoup d’enfants, qu’on accumule les problèmes de santé, qu’on ressent une souffrance éthique au travail, qu’on nous manquons de reconnaissance ou que nous souffrons de la culture des chiffres en entreprise, etc », énumère Emilie Perrot.
Surmenage : quelles sont les causes de cet épuisement ?
Surmenage : quelles sont les causes de cet épuisement ?
Lorsqu’une personne tombe en panne, les responsabilités individuelles sont souvent pointées du doigt : « elle ne sait pas gérer son temps », « elle ne sait pas gérer sa charge de travail », « elle ne sait pas déléguer », « il faut qu’elle s’arrête pour se plaindre et se corriger », etc. Cette attitude n’aboutit qu’à la culpabilisation de femmes et d’hommes dans un état d’épuisement et de vulnérabilité totale.
Très souvent, les causes du surmenage sont à rechercher dans la vie professionnelle, familiale et privée :
A noter : les adultes sont les premiers touchés, mais les enfants peuvent aussi présenter des symptômes de surmenage, surtout si leurs horaires sont trop chargés pour leur âge et qu’ils n’ont pas le temps de se reposer et de se détendre. .
Symptômes : quels signes doivent alerter ?
Symptômes : quels signes doivent alerter ?
Le surmenage entraîne une diminution de la forme physique et mentale.
Les signes psychiques du surmenage :
Les signes psychiques du surmenage :
Signes physiques et psychosomatiques du surmenage :
Les signes physiques et psychosomatiques du surmenage :
Très souvent, on observe une augmentation de la consommation de substances comme le café, l’alcool ou la cigarette, précise Emilie Perrot.
Et d’ajouter : « Il arrive que certaines personnes entrent dans une phase d’hyperactivité : leur corps et leur esprit témoignent de l’installation insidieuse du surmenage, mais elles sont prises par une agitation permanente. Elles perdent le sens des priorités, ne sont plus capables de accomplissent leurs tâches quotidiennes et pourtant ont l’impression de courir toute la journée pour que rien ne soit jamais fini. Autant dire qu’ils ne voient plus le bout du tunnel. L’apathie totale », raconte Emilie Perrot.
Attention : chaque situation est unique et il est possible de ne ressentir que certains de ces symptômes. Dans tous les cas, n’hésitez pas à consulter un médecin ou un spécialiste de la santé mentale chaque fois que vous en ressentez le besoin.
Plusieurs conseils peuvent aider à prévenir le syndrome de collapsus :
Chacun doit faire de la prévention avec lui-même : écouter son ressenti et son corps. Nous avons un vrai travail à faire sur nous-mêmes, sur la connaissance de notre fonctionnement et de nos limites, insiste la psychologue.
Chaque traitement varie selon les causes du surmenage, ses symptômes et leur intensité. Retrouvez ci-dessous nos conseils (qui ne remplacent évidemment pas un accompagnement psychologique et/ou médical !).
Lorsqu’un arrêt de travail est nécessaire
Quand l’arrêt de travail s’impose
L’arrêt du travail est parfois indispensable pour permettre à la personne surmenée de recouvrer toutes ses capacités. Dans ce cas, c’est le médecin traitant qui évalue l’état du patient et fixe la durée de l’arrêt de travail. Dans certains cas, un soutien médicamenteux peut être nécessaire.
Bon à savoir : si l’entreprise est jugée en partie responsable de la situation de surmenage (en raison du contexte de travail), le salarié peut demander une visite au médecin du travail, voire solliciter l’inspection du travail. Pour rappel, l’entreprise a des obligations concernant la santé de ses salariés. Selon l’article L. 4121-1 du Code du travail : « L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».