En déplacement vendredi dans un hôpital de l’Essonne, le chef de l’Etat a notamment annoncé la sortie de la rémunération à l’acte lors du prochain budget de la Sécurité sociale.
C’est la première fois depuis son entrée à l’Elysée en 2017 qu’Emmanuel Macron consacre une cérémonie de vœux aux soignants, « hospitaliers et libéraux », signe de la crise profonde que traversent la médecine hospitalière et de ville. , abasourdi par les pénuries et les épidémies de Covid-19, de grippe et de bronchiolite.
>> Réactions, analyses… Suivez notre direct après les vœux d’Emmanuel Macron aux soignants
Vendredi 6 janvier, le président s’est rendu au Centre Hospitalier Sud-Francilien de Corbeil-Essonne (Essonne). Un déplacement prévu pour « donner un cap aux soignants », précise l’Elysée. Voici ce que nous pouvons retenir de son discours.
Recruter 6 000 assistants médicaux
Selon Emmanuel Macron, le nombre d’assistants médicaux doit passer de « près de 4 000 » (depuis la mise en place du plan Ma Santé 2022) à « 10 000 » d’ici fin 2024. De ses vœux, le chef de l’Etat a salué l’exercice de ces professionnels qui « libèrent du temps médical » pour « permettre aux soignants de se concentrer sur le cœur de leur métier » et sur les patients.
Former davantage de personnels soignants
« Retrouver du temps utile aux soins signifie plus précisément, pour l’hôpital, renforcer les équipes qui sont au chevet des patients », a expliqué Emmanuel Macron, promettant un renforcement des personnels paramédicaux, notamment infirmiers. « Nous avons déjà commencé à multiplier les places ouvertes » pour accéder à cette profession, a indiqué le chef de l’Etat, évoquant une augmentation de « 20% en trois ans ». « Le problème, a-t-il poursuivi, est que beaucoup trop de gens abandonnent en cours de formation, environ 30 %, [et] 15 % échouent à la fin. »
Pour y remédier, Emmanuel Macron a défendu la nécessité « d’améliorer » le dispositif d’orientation Parcoursup « qui n’est pas optimal » et « ne permet pas aujourd’hui de mesurer correctement la motivation », sans donner plus de détails. « Il faut revoir l’organisation et le fonctionnement de nos études », a ajouté le président, évoquant un projet qu’il veut lancer et finaliser « d’ici l’été ».
Enfin, le chef de l’Etat souhaite mettre en place « un dispositif plus responsabilisant en fin d’étude ». « On ne peut pas avoir des soignants (…) qui partent tout de suite pour l’intérim », a-t-il tonné. Emmanuel Macron a évoqué le parcours de « X ans » obligatoire pour un poste choisi en fin d’études par les nouveaux soignants.
Revoir l’organisation du travail
Emmanuel Macron a fustigé un système hospitalier « surcontraint » par les 35 heures et basé sur « des heures supplémentaires réparties de manière totalement hétérogène » selon les services et les territoires. « Ce système doit être refondu », a-t-il demandé, appelant à la mise en place d’une « organisation plus souple ». « Je souhaite que chaque hôpital ait engagé et finalisé des discussions avec les équipes, les partenaires sociaux, au plus tard le 1er juin, pour adapter les horaires et les organisations du travail », a-t-il martelé.
« Chaque service doit pouvoir profiter de cette liberté pour s’organiser de manière autonome, responsable, avec un maximum de liberté dans la construction des horaires. »
Et d’évoquer les soignants découragés par des « agendas impossibles », qui aspirent à « revoir leurs horaires, retrouver plus de temps avec les malades, pouvoir se former… »
Emmanuel Macron a également annoncé la mise en place « d’un tandem administratif et médical » à la tête des hôpitaux, « en redonnant une place aux conseils d’administration » pour que « tout le monde travaille bien ensemble ».
Sortir de la tarification à l’acte
« Nous allons changer, pour les établissements publics comme privés, le mode de financement », a déclaré le chef de l’Etat, annonçant une sortie de la rémunération à l’acte (T2A), qui « a créé beaucoup de dysfonctionnements dans le système », et ce « du prochain budget de la Sécurité sociale ». « Pour l’hôpital public, il doit y avoir une partie structurante de la rémunération qui s’appuie sur des objectifs de santé publique qui se négocient à l’échelle d’un territoire », a-t-il encore fait valoir.
Trouver des médecins traitants pour tous
« On va mieux rémunérer les médecins qui assurent les soins continus et ceux qui prennent en charge les nouveaux patients », a annoncé Emmanuel Macron, afin de permettre aux Français de « trouver facilement un médecin de garde », évoquant les « 6 millions » de personnes actuellement sans médecin traitant.
« D’ici la fin de cette année, chaque citoyen doit avoir accès à une offre de soins dans son quartier de vie. »
Plus précisément, « les 600.000 atteints d’une maladie chronique sans médecins généralistes se verront proposer un médecin généraliste d’ici la fin de l’année », a promis le président, précisant également qu’il souhaitait « permettre le recours à d’autres professionnels de santé [que les médecins généralistes] pour renouvellements d’ordonnances pour maladies chroniques ».
Faire connaître le service d’accès aux soins
Emmanuel Macron veut aussi « généraliser le service d’accès aux soins (SAS) ». « Concrètement, lorsqu’il n’y a pas de médecin traitant ou lorsqu’il n’y en a pas de disponible, un patient [qui a une urgence devra pouvoir] appeler le 15 et, selon son état de santé, être dirigé soit vers les urgences, soit vers les urgences. à un médecin traitant identifié par ce service », a expliqué le président, appelant à « faire connaître ce dispositif à tous les Français » et à « consolider les équipes qui recueillent et évaluent médicalement les patients ».
Déployer la médecine à distance
Le président a également affiché sa volonté de « développer la télé-expertise » (qui permet à un médecin d’accéder à distance à l’expertise d’un confrère) et la téléconsultation. Actuellement, un médecin ne peut pas réaliser, sur une année civile, plus de 20 % de son volume d’activité à distance. Un seuil qui « n’est pas une bonne idée », selon Emmanuel Macron. Ce qui plaide pour un déploiement plus large.