Nous sommes en 2022 et la santé mentale est encore quelque peu taboue. En effet, prendre soin de son esprit, comme on prend soin de son corps, est une nécessité absolue qu’il nous reste encore à assimiler, intérioriser et normaliser. En tant que journaliste, j’écris sur ce sujet depuis plusieurs années, et j’essaie, sans toujours y parvenir, de mettre en pratique les précieux conseils que les experts m’ont prodigués au fil de mes entretiens. Elles sont nombreuses et difficiles à résumer en quelques lignes, mais voici celles qui me sont restées en tête et qui, d’une manière ou d’une autre, m’ont facilité la vie depuis.
#1. Prendre soin de soi n’a rien d’égoïste
L’un des premiers articles que j’ai écrits sur la santé mentale s’intitulait « Pourquoi les soins personnels devraient être une priorité dans nos vies ». Cette phrase, je me la répète à chaque fois que je me sens coupable de prendre un moment pour prendre soin de mon corps et de mon esprit. Je garde également à l’esprit ce que m’a dit la psychologue Sara Noheda : « Je peux aider les autres tant que je vais bien. Si je ne vais pas bien, je n’ai rien à offrir. Tout commence avec moi. Ce n’est pas une approche égoïste mais une approche réaliste. Aussi, penser que prendre soin de soi n’est pas une priorité déclenche souvent une autre pensée négative : croire que les autres doivent le faire à notre place et s’enfermer dans un cercle vicieux de plaintes négatives qui ne profite à personne.
#2. S’inquiéter tout le temps est irresponsable
Jusqu’à récemment, je m’inquiétais toujours des problèmes avant qu’ils ne surviennent, une façon pour moi d’anticiper et d’être prêt si quelque chose tournait mal. Maintenant, quand je me surprends à ruminer, je repense aux paroles de la psychologue Ana Gutiérrez Laso : « Le « pré-souci » définit l’état interne qui précède la gestion efficace d’un problème. Cependant, le but n’est pas de gaspiller votre énergie à passer en revue tous les scénarios imaginables dans votre tête, mais de vous mettre au travail le plus tôt possible. Lorsque l’inquiétude est excessive, elle conduit à un blocage plutôt qu’à une réponse efficace.
#3. La positivité peut se travailler
Depuis quelque temps, j’essaie de me débarrasser de cette idée que la positivité est un état d’esprit inextricablement lié à la personnalité, un talent naturel que l’on soit né avec ou non. C’est un argument facile que de nombreux experts réfutent. « Vous pouvez apprendre à être positif, mais il faut du travail et de la constance pour y arriver. Le changement est difficile parce que nos esprits sont habitués à penser d’une certaine manière », m’a un jour expliqué la chercheuse en cyberpsychologie Blanca Tejero Claver. Cela vaut la peine de faire un effort.
#4. On ne peut pas tout réussir
Des messages d’autonomisation qui martèlent que nous pouvons tout réaliser si nous voulons générer ce qu’on appelle une positivité toxique. La réalité est que l’échec fait partie de la vie. Comme dirait le psychologue José Elías : « Les échecs sont des tremplins vers le succès. Vous devez accepter que, parfois, peu importe à quel point vous essayez, cela ne fonctionne pas. « C’est simple : on a toujours mille choses à faire, selon la psychologue Ibana Hijosa Sola. Nos vies deviennent de plus en plus complexes, nous devons donc apprendre à déterminer ce qui peut être fait aujourd’hui et ce qui peut être reporté.
#5. L’estime de soi est un travail d’équipe
Il y a quelque temps, j’ai entendu l’actrice espagnole Cayetana Guillén Cuervo parler de la nécessité de créer « un réseau de solidarité entre les femmes ». Cette initiative est d’autant plus nécessaire que de nombreuses études ont montré que les femmes ont moins confiance en elles que les hommes, dès l’enfance. Une étude publiée dans la revue Science en 2017 a également montré que les filles de six ans sont moins susceptibles que les garçons de croire que les membres de leur sexe sont « vraiment intelligents ». C’est pourquoi j’aime pratiquer le renforcement positif avec les gens qui m’entourent, en soulignant les bonnes choses qui en ressortent et en leur parlant avec affection. C’est bon pour ma santé mentale et celle des autres.
#6. Vous êtes votre meilleure amie
« Quand une femme se considère comme sa meilleure amie, la vie est plus facile. » Cette citation de Diane Von Furstenberg est très vraie. Pourquoi suis-je si exigeant envers moi-même ? J’avoue que j’ai tendance à m’auto-flageller quand je fais des erreurs, mais maintenant j’essaie de me souvenir de cette phrase.
#7. La santé mentale n’est pas taboue
Ces dernières années, de nombreuses célébrités se sont ouvertes sur leurs problèmes de santé mentale, normalisant un sujet longtemps considéré comme tabou. Parler ouvertement de notre santé mentale comme on parle d’autres aspects de notre santé est très bénéfique et, comme me l’a expliqué la psychologue Ana Gómez de Escauriza, « partager nos sentiments et nos émotions nous aide à mieux les gérer et les réguler ».
#8. Il faut penser moins pour être plus heureux
À une époque de réflexion excessive et d’incertitude, ce processus de nettoyage mental et de minimalisme psychologique m’a bien servi. Ce n’est pas facile d’arrêter ces pensées excessives qui s’activent, mais dès que je les sens venir, je me souviens de ce que m’a dit la psychologue Pilar Guerra : « Il est impossible d’être heureux quand on est la proie d’auto-reproches qui nous détruisent. ou des comparaisons avec d’autres qui nous torturent.
Traduction de Sandra Proutry-Skrzypek
Article initialement publié sur Vogue Espagne