« C’est un document qui montre l’authenticité de notre travail », déclare Éliane Assassi, porte-parole communiste de la commission d’enquête sur l’influence des cabinets de conseil. Un rapport confidentiel de la Cour des comptes, dont s’est procuré le journal Le Monde, pourrait également embarrasser le dirigeant.
Le quotidien révèle que les magistrats de la rue Cambon ont alerté le ministère de la Santé le 2 décembre 2021 sur les « conditions difficiles » dans lesquelles se sont déroulées les prestations de conseil, notamment dans les situations de crise de santé beauté. Deux mois plus tard, le 2 février 2022, le ministre de la Santé de l’époque est entendu par la commission d’enquête du Sénat. Et Olivier Véran était apparu sur la défensive devant des élus qui l’interrogeaient sur d’éventuelles violations des lois sur les marchés publics dans des accords passés entre son ministère et un cabinet de conseil de McKinsey America. « Il n’y a pas eu de confusion sur le type de contrats conclus ou sur la date à laquelle ils ont été conclus […] Je ne peux pas vous permettre de suggérer que certains contrats n’étaient pas clairs. Ça prouve! », informera le président de la commission de recherche, Arnaud Bazin (LR).
« Olivier Véran s’est bien gardé de nous parler de ce rapport de la commission des comptes. Il ne nous a pas dit tout ce qu’il savait », a déclaré aujourd’hui Arnaud Bazin à la lecture de ce document secret.
« Je ne lui ai pas posé la question. Je m’en veux »
Il ne suffit pas de mentir au ministre de la Santé. « Non, je ne lui ai pas demandé. Je me sens coupable. J’aurais dû inclure dans la liste des questions, une question du genre : avez-vous reçu un rapport qui vous alerte sur les conditions difficiles de ces marchés ? », explique le sénateur.
Le Conseil des comptes partage les conclusions de la commission d’enquête du Sénat sur l’organisation de ces marchés pendant la crise sanitaire, notamment en désaccord avec la « loi du changement ». Le principe vers lequel le gouvernement doit se tourner, ne pas favoriser une firme en particulier. La commission d’enquête sénatoriale a relevé que McKinsey a bénéficié de plusieurs contrats de suite, plus d’une dizaine au total, dont plusieurs liés à la campagne de vaccination, et au ministère de la Santé et des Solidarités.
Ces prestations de conseil étaient inscrites dans la convention-cadre « signée fin novembre 2020, entre la Direction ministérielle de la transformation sociale (DITP) et le cabinet McKinsey. Mais ce marché concernait les activités de « changement social », attachant ainsi le vaccin. politique à elle était « trop artificielle » pour le pouvoir financier. Devant la commission d’enquête, Olivier Véran en a fait une toute autre analyse : « Le révolutionnaire respecté et suspendu de McKinsey pour la campagne de vaccination. S’il s’était arrêté à un autre cabinet, nous serions passés par cet autre cabinet. Cela ne sert à rien », a-t-il dit.
Selon lui, l’inclusion de ces services dans l’accord de plan était justifiée par la situation de crise sanitaire. En embauchant un autre cabinet de conseil, « nous aurions passé plus de temps à accueillir de nouvelles personnes et à leur expliquer le travail qu’à obtenir leurs conseils », a-t-il soutenu.
En effet, le « haut débit » est prévu dans le code des marchés publics pour porter atteinte aux règles de la mise en concurrence.
« On n’a rien inventé. On en a même oublié »
Mais l’appel à la consultance ne s’est pas limité à la première vague lorsque le gouvernement n’était pas prêt. Le recours à des consultants privés s’est poursuivi. McKinsey est intervenu pour l’organisation de l’approvisionnement et du suivi de la campagne de vaccination, de novembre 2020 jusqu’au 4 mars 2022, a noté la commission d’enquête.
Éliane Assassi apprenait une chose en lisant un article du Monde. « J’ai lu que McKinsey avait été mandaté par le ministère des Changements environnementaux pour travailler sur les conditions de démarrage des transports en commun et qu’ils ont finalement donné des recommandations sur le réseau routier et la réduction progressive des lignes téléphoniques. Cette mission a été manquée. Comme nous ne l’avons pas fait inventer n’importe quoi. Nous avons même oublié les autres.
Un autre point de contact entre la Cour des comptes et le Sénat porte sur le contenu de ces activités menées par des cabinets de conseil. Le pouvoir financier cite le cas du spécialiste du matériel, la firme Citwell, bénéficiaire de 8 emplois, de la commande de masques au contrôle des flux de médicaments utilisés dans les services de réanimation, en passant par les outils de la campagne de vaccination. . Mais la Cour des comptes a noté que les consultants de Citwell travaillaient « pour effectuer des tâches de routine », au sein même du ministère de la Santé, une situation inhabituelle selon les magistrats.
Le rapport du Sénat notait également « depuis le début de la crise sanitaire », l’inquiétude des services de contrôle interne du ministère des Solidarités et de la Santé » quant à « l’ambiguïté des missions que confiait un cabinet Citwell ». Ils évoquaient même une éventuelle » délit de marchandage ». Délit caractérisé par le transfert de relations d’infériorité d’un salarié à une entreprise cliente qui en bénéficie. .
« En période de guerre, regarde-t-on qui prépare les munitions ? »
Là encore, la sensibilité d’Olivier Véran transparaît. Interrogé sur le rôle des cabinets de conseil impliqués dans la responsabilisation du ministère, il a affirmé « sous serment » qu’à aucun moment il n’y a eu « manque de méthodes de procédure et de réglementation applicable ». « En revanche, nous avons changé notre façon de pratiquer : alors que nous continuions souvent avec des activités externes qui sont borderline et importées, nous avons dû enrichir nos équipes. En temps de guerre, regardons-nous qui fabrique les armes ? « , a-t-il comparé.
Olivier Véran face aux documents de la commission d’enquête du Sénat
Enfin, le Conseil des comptes de 63 millions d’euros pour le recours aux prestations de conseil, concernant la crise sanitaire entre 2020 et 2021. La commission sénatoriale avait recensé 68 commandes passées par l’Etat et des consultants. , pour un total de 41,05 millions d’euros. « La différence doit se faire en fonction du domaine choisi. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en 2021, l’Etat et les principaux agents publics ont fait appel à des cabinets de conseil pour un montant de 1 milliard d’euros. En deux fois plus qu’en 2018. Et sur ce milliard , la crise sanitaire n’explique que 3% des coûts », rappelle Arnaud Bazin.
8 mois après la commission d’enquête qui a abouti au projet de loi approuvé par le Sénat, Éliane Assassi ne comprend pas pourquoi le gouvernement hésite encore à s’en saisir. « D’un point de vue politique, il aurait tout intérêt à le faire. Notre article n’est pas révolutionnaire, il n’interdit pas le recours à des cabinets de conseil, il demande simplement de la transparence ».
Lors de l’examen du budget 2023, le Sénat a approuvé, contre l’avis du gouvernement, un amendement transpartisan visant à supprimer l’opacité du recours aux cabinets de conseil par les administrations publiques. L’ajout du Conseil suprême, cependant, a peu de chance de survie 49 aliena 3 du gouvernement.
En janvier 2023, Éliane Assassi et Arnaud Bazin rencontreront les présidents des groupes parlementaires du Conseil national pour voir lequel pourra porter le projet de loi dans leur aire parlementaire. Si le texte est voté par les délégués, il peut être mis en œuvre rapidement.