Raisonnez vos achats pour ne pas céder à une consommation excessive, choisissez la bonne matière pour vos vêtements, faites attention aux étiquettes… Bonnes idées et solutions à adopter pour s’habiller de manière plus responsable.

1. Acheter moins

La priorité est d’acheter moins. Nos placards sont remplis de vêtements que nous ne portons que rarement, voire jamais. Selon certaines estimations, 30 % d’entre eux en moyenne n’ont pas été utilisés depuis au moins un an. Lors de l’opération « Osez changer », l’Agence de la transition écologique (Ademe) a accompagné 21 foyers volontaires pour désencombrer leur logement. Entre ce dont ils ressentent le besoin et ce dont ils disposent, il y a souvent un gouffre. Par exemple, une différence de un à trois pour les chaussures… Les femmes possédaient entre 128 et 531 vêtements ; hommes, entre 74 et 284 (si cela semble beaucoup, comptez le vôtre !). Les vêtements font partie des objets les plus jetés : en moyenne 37 % ont été donnés, vendus ou déposés dans une station de recyclage. Rien ne vous empêche de vous lancer dans cette démarche. Gageons que vous y réfléchirez à deux fois avant de tomber amoureux d’une pièce que vous n’êtes pas sûr de porter souvent.

2. Coton ou polyester ?

Difficile de trancher entre ces deux fibres qui composent les trois quarts de notre garde-robe. Du point de vue du destin des travailleurs, nul n’est plus vertueux. En ce qui concerne l’environnement, chacun a des impacts différents. La culture du coton nécessite beaucoup d’eau et de pesticides, tandis que le polyester, issu de la pétrochimie, génère, comme l’acrylique, le polyamide ou l’élasthanne, des quantités de gaz à effet de serre et des microparticules qui finissent dans les océans lors des phases de fabrication et de lavage. Si vous préférez le coton, mieux vaut opter pour le bio. Le lin et le chanvre polluent peu.

Attention toutefois aux fausses promesses de la viscose, souvent présentée comme éco-responsable. Sa fabrication nécessite des solvants toxiques pour la planète et les travailleurs. D’apparence similaire, le lyocell (ou Tencel) est plus recommandé. Enfin, évitez les fioritures qui contribuent à la pollution : lavages, déchirures, flocages, traitements type « repassage facile »… Mieux vaut laver à 30°C, et surtout moins souvent, et laisser sécher à l’air libre. Cela dit, un lavage en machine avant la première utilisation élimine tout résidu nocif des produits de traitement.

3. Petits prix = peu d’éthique

Lorsqu’une pièce est vendue à prix réduit, cela signifie qu’elle a été fabriquée à l’autre bout du monde, dans des conditions qui ne respectent pas l’environnement et les droits des travailleurs. Mais s’il coûte plus cher, on n’est pas sûr du contraire… Soit le prix peut correspondre à un positionnement marketing sans rapport avec aucun « plus » éthique ou qualitatif, soit il est justifié par une fabrication délocalisée et/ou des pratiques coûteuses au profit d’une meilleure qualité : technique de filature donnant un fil plus solide, des coutures renforcées… et surtout, une rémunération correcte de la main d’oeuvre. Malheureusement, seuls certains sites de marques, qu’il faut croire sur parole, donnent des précisions. La plupart restent silencieux, comme si les clients n’avaient pas besoin d’informations de qualité.

4. Méfiance sur les labels

Les marques affichent, notamment sur leur site, une multitude de labels. L’Agence de la transition écologique (Ademe) a classé le blé issu de la paille : un « vrai » signe de qualité doit être certifié par un tiers, être établi sur une base scientifique éprouvée, prendre en compte tout le cycle de vie du produit et couvrir tous les impacts . (consommation de ressources, pollution de l’air et de l’eau, etc.). Parmi toutes celles répertoriant les entreprises qui vendent en France, l’Agence n’en a validé que cinq… qu’on voit rarement. Il s’agit des Gots, Ecocert textile, Ecolabel européen, Bluesign et Made in Green by Oeko-Tex, qu’il ne faut pas confondre avec Oeko-Tex 100, qui réglemente uniquement la présence de produits nocifs dans le vêtement.

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Malgré tout, certains d’entre eux sont encore très perfectibles. Ainsi, Oeko-Tex ne prend pas en compte la production des matières premières. Et souvent seul l’aspect social est abordé. Textile Max Havelaar, lui aussi chevalier, s’intéresse au contraire au sort des ouvriers, sans oublier l’environnement. Mais aucune marque française ne l’utilise encore. Quant aux indications d’origine (Made in…), elles ne renseignent que sur la fabrication. Cependant, une chemise peut très bien être coupée et cousue en France ou au Portugal avec des tissus provenant, par exemple, du Bangladesh ou de Chine. Et le « Made in Europe » n’est pas la panacée, puisque la main-d’œuvre de nombreux pays de l’Est n’est pas traitée correctement.

Clear fashion • Une appli perfectible

C’est pour tenter de mettre fin à l’opacité qui règne sur les conditions de fabrication de nos vêtements que deux jeunes entrepreneurs ont lancé l’application Clear fashion en 2019. Il évalue le caractère plus ou moins responsable de près de 500 marques à ce jour. Suivant une méthodologie élaborée avec un comité d’experts, il évalue les aspects environnementaux et sociaux (pesant ensemble les deux tiers de la note globale) et les risques pour la santé et les animaux en tentant de répondre à de multiples Questions.

Par exemple, le premier critère comprend la maîtrise des déchets, le changement climatique, la consommation et la pollution de l’eau, l’utilisation des ressources fossiles, des points propres détaillés dans plus de 20 sous-sections. Intéressant, mais l’application prend en compte des informations plus ou moins fiables, du rapport d’audit d’un tiers aux simples affirmations de la marque sur son site et cela n’est pas pris en compte dans la notation.

Pour les marques qui n’ont pas répondu au questionnaire soumis (plus de 300 l’ont fait), le score est basé sur des données publiques, généralement très limitées. Cependant, lorsqu’aucune information ne soutient une pratique durable, l’algorithme par défaut ne s’applique pas. Par exemple, si rien ne dit que l’entreprise interdit le transport aérien, c’est comme si elle l’utilisait, alors que cette pratique reste très marginale, ne serait-ce que pour des raisons de coût. Par conséquent, l’image donnée peut ne pas être fidèle à la réalité.

Autre bémol, la grille d’évaluation s’appuie fortement sur les balises, bien au-delà de celles validées par l’Ademe, mais ignore d’autres paramètres importants. Ainsi, le mix énergétique des pays producteurs n’est pas pris en compte alors qu’il s’agit d’un point fondamental de l’impact sur la planète. Enfin, la requête déblaie le terrain, mais son jugement ne doit pas être pris au pied de la lettre.