Dans le cadre de la Fashion Week Haute Couture, la créatrice néerlandaise Iris van Herpen s’est associée à la danseuse, chorégraphe, réalisatrice sous-marine et apnéiste française Julie Gautier pour coréaliser un film aquatique poétique et engageant pour les femmes en lutte en Iran. .
Ce n’est pas la première fois que les créations haute couture d’Iris van Herpen prennent l’eau. La créatrice néerlandaise a présenté sa collection de prêt-à-porter printemps-été 2011 avec des éclaboussures d’eau glacée autour des robes, sa collection de prêt-à-porter automne-hiver 2014-2015 avec des modèles vifs placés dans des vide-poches, ou encore sa collection Fall- Hiver 2017 -Haute Couture 2018 avec des musiciens jouant dans des aquariums individuels. Alors qu’on aurait pu croire qu’elle ne pouvait pas mettre la barre plus haut, Iris van Herpen avait fait exploser un parachutiste dans une robe couture automne-hiver 2021-2022. Cette fois, il nous emmène à vingt mille lieues sous les mers, ou presque.
Le film sous-marin d’Iris van Herpen haute couture printemps-été 2023
À contre-courant des défilés de mode classiques, Iris van Herpen a choisi de présenter sa collection haute couture printemps-été 2023 sous la forme d’un court métrage aquatique. Pour cette performance sous-marine, la maître couturière a travaillé avec la danseuse, chorégraphe, cinéaste et plongeuse française Julie Gautier. Elle a également chorégraphié les mouvements des deux autres modèles (Gilone et Maya Sierón) qui l’accompagnent dans l’eau. Le but ? « créer un film qui explore l’idée de la féminité et de la beauté féminine comme forme de contrôle », explique la note d’intention :
« Au début, trois femmes fusionnent dans une peinture de peau, des textures de croissance et de décomposition. Le cœur rouge de cet océan féminin s’aventure seul dans les profondeurs de sa propre conscience, où elle danse un voyage de l’isolement et de l’oppression à la résilience et à l’invincibilité. »
Une collection haute couture aquatique dédiée aux femmes iraniennes en lutte
S’émanciper d’une forme inévitable de contrôle (symbolisée ici par l’eau) semble être le message derrière cette présentation. C’est d’ailleurs aux Iraniennes en difficulté qu’Iris van Herpen dédie ce film qui se veut une « ode à la résilience et à la force » :
« Le film dépeint la bravoure féminine et témoigne de la façon dont les femmes peuvent utiliser leur physique et leur force pour résister à l’oppression, se battre pour leurs droits et encourager les autres à persévérer dans leur cheminement individuel. »
Il s’agit donc d’un superbe court métrage de quatre minutes présenté par la créatrice de mode Iris van Herpen avec l’artiste Julie Gautier. C’est ce dernier que l’on voit hurler sans pouvoir l’entendre, puisque filmer sous l’eau implique d’être privé de voix : tout l’intérêt symbolique de cette vidéo. Les images ont été tournées dans la piscine Y-40 en Italie, qui était la plus profonde du monde lors de sa construction (elle descend à 138 pieds ou 42 mètres).
Les vêtements ont été spécialement conçus et testés pour bouger dans l’air et dans l’eau. Ils sont fabriqués à partir de mylar (fil de polyester spécialement utilisé pour fabriquer des films plastiques pour les plateaux de fruits, par exemple), de soie biologique ou encore de polyester recyclé, pour créer des allures de méduses et de sirènes éthérées.
Alors qu’une exposition rétrospective du travail d’Iris van Herpen se prépare au Musée des Arts Décoratifs de Paris pour novembre 2023, la créatrice ne cesse de rappeler que si la mode n’est pas un art, certains artistes la maîtrisent.
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