Le styliste Masego Morgan, le 15 décembre 2022 à Simon’s Town, Afrique du Sud (AFP/GIANLUIGI GUERCIA)
TikTok et Instagram, nouveaux vecteurs pour promouvoir une mode plus responsable ? Sur ces réseaux, temples de la consommation effrénée, les influenceurs anti-running tentent de promouvoir des choix vestimentaires plus respectueux de la planète.
A commencer par Masego Morgan, qui est tombé de sa chaise lorsqu’un géant de la « fast fashion » lui a offert 1 000 dollars pour un seul post promotionnel.
Non seulement l’influenceuse sud-africaine, aux 10 200 abonnés sur Instagram, ne s’est jamais vu offrir une telle somme pour promouvoir une marque, mais cette dernière représente tout ce qu’elle combat : la surconsommation de vêtements bon marché, nocifs pour la planète et produits par des ouvriers sous-payés. .
Comme d’autres influenceuses mondiales qui tentent de lutter contre la masse de publications sponsorisées par les grandes marques sur Instagram, TikTok et YouTube, sa conviction est simple : achetez, c’est bon ! Mais moins. Et mieux si utilisé ou ultra-durable.
Une philosophie héritée de son enfance, lorsqu’elle empruntait des vêtements d’occasion à son élégante mère, qui voyait dans le recyclage un « acte révolutionnaire ».
« Pour moi, il n’y a jamais eu de stigmatisation à apporter des vêtements usagés », a-t-elle déclaré à l’AFP depuis son domicile au Cap.
Cette adepte de la « consommation responsable » se démarque des posts mode habituels en postant des posts ludiques et innocents, pleins d’objets colorés, recyclés et faits main qu’elle porte à répétition.
« Si on fait comme les influenceuses mode », qui défilent chaque jour dans une vidéo avec de nouveaux vêtements, « on aura la même toxicité », estime-t-elle.
Mais ce choix a un revers : il est impossible de gagner sa vie avec des contenus axés sur la durabilité.
Styliste Masego Morgan, le 15 décembre 2022 à Simon’s Town, Afrique du Sud (AFP/Archives/GIANLUIGI GUERCIA)
Alors qu’un influenceur typique dans un pays développé peut gagner un salaire annuel à six chiffres grâce aux sponsors et aux liens d’affiliation, Masego Morgan doit faire un travail secondaire dans la conception graphique.
Ces dernières années, les réseaux sociaux ont pris une importance considérable pour les marques dont le marketing reposait auparavant sur des publicités imprimées ou télévisées.
Ils peuvent désormais atteindre des millions de personnes grâce à des influenceurs qui font la promotion de leurs tenues dans des histoires ou des messages #outfitoftheday.
Ces campagnes dopent les ventes : en 20 ans, la consommation mondiale de vêtements, chaussures et accessoires a doublé.
Mais cela a un prix élevé pour la planète. L’industrie de la mode représente entre 2 et 8% des émissions de gaz à effet de serre.
Autant de messages qui ont contribué à l’émergence de « nouveaux influenceurs mode » plus soucieux de l’environnement.
Parmi elles, Venetia La Manna, une Britannique de 33 ans aux 197 000 abonnés Instagram, dont la série vidéo « Recipe for Disaster » sur les dégâts sociaux et environnementaux d’entreprises telles qu’Adidas, Amazon et Nike a connu un énorme succès avec environ 6 . 5 millions de vues.
Contrairement à Masego Morgan, elle gagne sa vie grâce à son travail en ligne, soutenu par une audience plus large et des collaborations avec des sites d’occasion puissants comme Vestiaire Collective ou eBay. »
Employés de Collective Vestiaire, le 4 décembre 2017 à Tournoig, dans le Nord (AFP/Archives/PHILIPPE HUGUEN)
« Depuis cinq ans, j’ai vraiment l’impression que le problème a émergé », avec la fast fashion rejoignant « le plastique et l’alimentation au coeur du débat », note Mme La Manna.
Ces influenceurs sont des « agents du changement », explique Simone Cipriani, fondatrice et directrice de l’Ethical Fashion Initiative et présidente de l’Alliance des Nations Unies pour la mode durable.
« Ils contrecarrent l’influence négative que l’on retrouve habituellement sur les réseaux sociaux, où l’on prône simplement la surconsommation », ajoute-t-elle.
D’autant que, dans le même temps, le marché de l’occasion ne cesse de croître : ses ventes devraient atteindre 218 milliards de dollars d’ici 2026, contre 96 milliards en 2021. Un acteur comme Vinted a ainsi vu le nombre de ses utilisateurs presque doubler en trois ans. . , de 23 à 45 millions entre 2019 et 2022.
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