Chapeau cloche, robe noire sans manches, collier de perles… Peu d’époques sont aussi symbolisées par un « look signature » que celle des années folles françaises. Car dans l’euphorie de l’après-guerre, les femmes s’émancipent et les (nombreux) couturiers français inventent les vêtements qui vont accompagner ces transformations sociales.
Madeleine Vionnet entame l’abandon du corset, Coco Chanel imagine des robes aux coupes fluides, qui permettent aux femmes de bouger plus facilement, et Elsa Schiaparelli les invite à l’excentricité.
Au fond, « Vionnet nuance, Chanel rationalise et Schiap’explose », résumée d’une belle formule par Norman Barreau-Gély dans un (très) beau livre consacré aux « Femmes des années folles ». Abondamment illustré d’images d’archives, ce livre décrypte les évolutions stylistiques de ces années dites « folles », mais que les Américains appelaient « les années folles ».
Corsets, crinolines, rehausseurs de fesses : quand la mode façonnait le corps des femmes
L’auteur rappelle ainsi que si toutes les Françaises n’avaient ni les moyens ni la possibilité de porter une robe signée Jeanne Lanvin ou de se couper les cheveux de façon enfantine, le regard des Parisiennes de Montparnasse s’est répandu dans la société. Notamment à travers les patrons qui paraissent dans « Vogue » (dont l’édition française est née en 1920) ou « le Petit Echo de la mode ». Et aussi créer des accessoires pour cheveux pour cacher ses longs cheveux, et se faire une fausse coupe courte pour une soirée.
En conséquence, les gens de toute l’Europe commencent à comprendre le pouvoir symbolique du vêtement. Une révélation qui fera écrire Virginia Woolf, dans « Orlando », publié à la fin de la décennie : « Les vêtements ont un but plus important que de nous tenir au chaud. Ils changent notre vision du monde et la vision que le monde a de nous. »
« Femmes des années folles », Norman Barreau-Gély, éditions EPA, 156 p., 39,95 euros.