Les élèves du lycée mode et métiers Octave-Feuillet ont confectionné cinq costumes pour le concours Miss France dans des conditions alarmantes.
Samedi 17 décembre 2022, 7,1 millions de téléspectateurs ont assisté au couronnement d’Indira Ampiot, Miss Guadeloupe, sur TF1. Une soirée chargée en émotions, dont les coulisses cachaient des secrets moins brillants. Selon une enquête de Mediapart publiée le 25 janvier, le concours inviterait les élèves d’un lycée professionnel à confectionner certaines robes du soir dans des conditions de travail alarmantes.
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Des mineures obligées de dormir sur leur lieu de travail
Comme le soulignait la presse avant et après la préparation de l’édition 2023, les élèves du lycée Octave-Feuillet de mode et métiers d’art à Paris étaient d’abord ravis de participer au concours Miss France. Cette expérience leur a permis d’apporter à leurs créations une visibilité exceptionnelle. Mais le rêve s’est rapidement transformé en cauchemar. Les lycéennes, pour la plupart mineures, seraient obligées de travailler jour et nuit. « Les élèves, dont la plupart n’habitent pas le 16e arrondissement de Paris, où se situe le lycée Octave-Feuillet, n’ont pas pu rentrer chez eux et ont dû passer une bonne partie de la nuit à coudre des tissus, des strass et des plumes, des jours avant la événement », souligne Mediapart. La lourde charge de travail obligeait les jeunes filles à dormir dans l’usine « la tête appuyée sur leurs mains jointes, sur la table de l’atelier ».
Leurs missions devenant très préoccupantes, le Rectorat de Paris et l’École de médecine ont été alertés de la situation avant le 17 décembre. Le 16 décembre, la veille de la diffusion de l’émission, « le proviseur a reçu un ordre interdisant aux élèves de travailler la nuit au lycée », a indiqué un membre de l’équipe pédagogique du lycée professionnel.
Le rectorat reconnaît un rythme de travail trop soutenu
La situation « contraire à toutes les règles régissant l’enseignement et le travail dans un lycée professionnel », reconnue par le rectorat de Paris, doute Mediapart. « Cette année, notamment en raison des contraintes d’approvisionnement, ce projet s’est traduit par l’exposition de certains étudiants de l’établissement à un rythme de travail très rapide dans les derniers jours avant la présentation », a-t-il reconnu. Néanmoins, il affirme avoir fourni aux étudiants des « solutions de logement de proximité ».
La société de production de Miss France a informé la ville de l’enquête que ses consignes artistiques avaient été transmises au lycée professionnel en octobre 2022, « 6 à 7 semaines à l’avance ». Selon lui, ce sont les professeurs qui « déterminaient le calendrier de la réalisation et aussi des projets créatifs dans ces délais en fonction de ce qu’ils évaluaient pour le niveau d’étude des élèves. »
Espérons que cette polémique servira de leçon aux principaux intéressés : nous ne sommes pas exemptés du code du travail, notamment lorsqu’il s’agit d’étudiants et de mineurs.