Publié le 15 octobre 2022 à 8h30, mis à jour le 15 octobre 2022 à 8h47.

Les vieilles habitudes pré-pandémiques reviennent. Comme à chaque mois de septembre, la fin des vacances d’été, et les bonnes décisions qui l’accompagnent, ont rempli les dossiers d’adhésion des centres sportifs. Pas vraiment un luxe pour un secteur touché de plein fouet par la crise sanitaire et qui a depuis vu ses clients revenir à la pelle. « Les tendances sont encourageantes, la reprise est en marche, et on revient progressivement aux niveaux d’avant Covid », indique Thierry Doll, président du syndicat Active – Fneapl.

Malgré un certain soulagement, plusieurs poids – et pas des moindres – incitent au maintien. Il y a d’abord le remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE), que plus de 20% des entreprises du secteur ne seraient pas en mesure de rembourser à temps, et passer devant l’intermédiaire de crédit empêcherait la possibilité de réemprunter . . Ensuite, il y a la crise de l’énergie, qui touche tous les établissements, notamment ceux disposant d’une piscine. Certains peuvent également restreindre l’accès aux saunas et hammams, voire les fermer temporairement.

Les coachs manquent à l’appel

Enfin, il y a une pénurie de main-d’œuvre, notamment d’entraîneurs sportifs. Pendant la crise, beaucoup ont quitté la profession, ou se sont installés à leur compte. « Je ne pense pas qu’il y ait un club qui ne cherche pas d’entraîneur. Mais ce sont eux qui réinscrivent les clients », a déploré Christophe Andanson, président de Planet Fitness. En moyenne, il manquerait à chaque salle 0,8 équivalent temps plein, selon les calculs d’Active-Fneapl. Une formule hybride, qui permet aux entraîneurs de faire une autre activité ailleurs, est suivie de près par certains acteurs du secteur.

Face à ces préoccupations, aux difficultés structurelles du secteur (coûts fixes élevés, faible taux de fidélisation de la clientèle) et à une concurrence de plus en plus rude, les centres sportifs n’ont d’autre choix que de se réinventer. « Après le Covid, le modèle économique a montré ses limites. Les clients demandent autre chose », prévient Thierry Doll. « Vous le voyez dans les termes de l’abonnement, généralement vingt-quatre mois à l’avance. Aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver des formules qui s’étalent sur trois mois. C’est une façon de fidéliser encore plus nos clients, une sorte de période d’essai pour le club. »

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« Il faut aller plus loin que le sport »

Une autre évolution possible pourrait être dans la conception des salles de sport, avec un « espace de vie » où les clients peuvent se détendre, socialiser, boire un verre ou même travailler. Un concept directement inspiré des salles d’escalade ou des centres CrossFit, qui ne cessent de gagner en popularité.

Par ailleurs, « accélérer la digitalisation est indispensable, avec la possibilité de proposer des cours en ligne », estime David Amioumi, PDG de Keepcool. « On peut aussi envisager des offres freemium avec une session gratuite par mois. Et, de manière générale, il faut aller au-delà du sport, par exemple avec la vente de produits nutritionnels dans les clubs. »

Cette dernière proposition pourrait rapidement devenir une tendance lourde, et certains acteurs ont déjà sauté le pas. Pour Basic-Fit, la plus grande chaîne française avec environ 600 clubs sur le territoire, ces ventes additionnelles représentent déjà 3,3 % du chiffre d’affaires en moyenne. Avec pour objectif de porter cette commission à 5% à moyen terme, voire à 10%. L’enjeu pour le secteur est aussi simple qu’essentiel : « Il faut construire un modèle économique faible », résume David Amioumi.