DOHA : Les mesures du Parlement européen contre le Qatar, dont l’accès à l’assemblée pourrait être bloqué en raison d’une affaire de corruption présumée, auront un « impact négatif » sur les relations avec l’émirat riche en gaz et sur l’approvisionnement énergétique mondial, a averti dimanche Doha.
L’ouverture d’une enquête à Bruxelles contre l’eurodéputée grecque Eva Kaili, soupçonnée d’avoir été payée par le Qatar pour défendre les intérêts du pays qui accueille actuellement la Coupe du monde, a ébranlé cette institution.
Jeudi, à Strasbourg, les représentants du Parlement européen ont voté à la quasi-unanimité un texte dans lequel ils « demandent la suspension des autorisations d’accès pour les représentants d’intérêts qataris » pendant l’enquête. La décision appartient à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola.
« La décision d’imposer une telle restriction discriminatoire au Qatar, limitant le dialogue et la coopération avant l’achèvement du processus juridique, aura un impact négatif sur la coopération régionale et mondiale en matière de sécurité, ainsi que sur les discussions en cours sur la pénurie et la sécurité énergétiques mondiales », a déclaré un a déclaré dimanche un diplomate qatari.
Le Qatar est l’un des principaux producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, avec les États-Unis et l’Australie.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle est de plus en plus courtisée par les pays européens, à la recherche d’une alternative au gaz russe.
Se disant « consternés » par les actes présumés de corruption et de blanchiment d’argent, les eurodéputés ont également décidé de suspendre « tous les travaux sur les documents législatifs relatifs au Qatar », notamment ceux concernant la libéralisation des visas pour le Qatar et le Koweït, ainsi que l’accord aérien.
Le Qatar, qui « rejette fermement » les allégations portées contre lui, déplore les « jugements fondés sur des informations erronées révélées par des fuites sans attendre la fin de l’enquête », a déclaré un diplomate qatari dans un communiqué.
Bien qu’il ne soit pas le seul pays nommé dans l’enquête lancée par la Belgique, les critiques et les attaques visent « exclusivement » le Qatar, a-t-il précisé.
S’adressant à un journaliste, la présidente du Parlement, Roberta Metsola, a déclaré jeudi qu’elle avait eu « deux réunions avec des représentants du gouvernement qatari à Bruxelles » et qu’elle avait « rejeté » la demande du pays du Golfe de s’adresser au Parlement européen.
Elle a également déclaré qu’elle avait décliné l’invitation du Qatar à assister à la Coupe du monde de football, citant ses « inquiétudes concernant ce pays ».
L’implication présumée des Emirats dans ce scandale, ainsi que de nombreuses polémiques au Mondial – concernant le respect des droits de l’homme ou l’écologie – n’ont pas découragé le président français Emmanuel Macron de se rendre à Doha pour la finale de dimanche entre la France et l’Argentine.
Il a déjà assisté à la demi-finale entre la France et le Maroc mercredi.
Dans un communiqué publié dimanche, le Qatar a souligné ses liens « forts » avec de nombreux pays de l’Union européenne, exprimant « sa gratitude à ceux qui ont montré leur attachement à ces relations face à la vague actuelle d’attentats ».
L’émirat, en revanche, a dénoncé le manque de coopération du gouvernement belge, qui, selon lui, est un partenaire « proche » et un « fournisseur important » de gaz naturel liquéfié.