Les grandes marques horlogères peinent à répondre à la demande après la reprise spectaculaire du luxe l’an dernier, au point de devoir retarder le lancement de certaines collections face à la pression sur les capacités de production.
Après un impact brutal de la pandémie sur le secteur en 2020, les montres de prestige ont connu un rebond spectaculaire en 2021 avant une frénésie d’achats de produits de très haut luxe avant de débuter l’année 2022 par une explosion jusqu’au conflit en Ukraine.
La Montre Hermès, venue présenter ses nouvelles collections au salon de la Haute Horlogerie de Genève, affiche ainsi la plus forte progression parmi tous les produits de la célèbre maison du Faubourg Saint-Honoré à Paris. En 2021, ses ventes de montres de fabrication suisse ont bondi de 73 %.
« En horlogerie, nous avons vécu une année extraordinaire », a déclaré Guillaume de Seynes, directeur de la division amont et des propriétés, lors d’un entretien avec l’AFP au salon de l’horlogerie Watches & se demander
« On sent une très forte dynamique des montres partout dans le monde », poursuit-il, attribuant notamment cette croissance des ventes au succès d’un nouveau modèle de montre homme lancé l’an dernier.
« On pourrait même vendre plus si on avait pu produire plus », ajoute-t-il, expliquant que l’industrie horlogère fait face à « un phénomène de demande qui dépasse les capacités de production ».
Pour 2022, sa priorité est d’investir dans la production. « L’objectif est de se développer industriellement », explique M. de Seynes.
La montre Hermès n’a « pas de projet d’acquisition », a-t-il toutefois précisé alors que la marque a déjà renforcé sa production en prenant un investissement dans la Manufacture Vaucher en 2006, puis en rachetant le cadranier Nateber en 2012 et le fabricant de boîtiers Joseph Erard en 2013.
La marque Oris, dont les prix démarrent à 1.800 francs suisses (à peu près le même montant en euros) mais peuvent grimper jusqu’à 7.200 francs, a également connu une « année très solide », a ajouté son patron, Rolf Studer.
Dans les segments de prix les plus élevés, la marque a toutefois dû reporter le lancement d’une nouvelle collection faute de calibres horlogers fabriqués dans ses ateliers en quantité suffisante.
« Nous voulions le lancer cet été, mais nous ne le faisons que maintenant car nous n’avions pas assez de mouvements. Nous avons planifié un peu trop prudemment et nous avons donc décidé de les réserver aux modèles déjà existants, au lieu de lancer un nouveau collection et de ne plus pouvoir livrer les modèles déjà sur le marché », a-t-il justifié.
En 2021, les exportations horlogères suisses ont rebondi de 31,2% après s’être contractées de 21,8% en 2020. Elles ont ainsi dépassé leur niveau d’avant la pandémie mais aussi leur record absolu de 2014. Tant en janvier qu’en février, elles ont augmenté de 15,7%, selon statistiques de la fédération horlogère.
Cependant, cette reprise a été hétérogène, profitant exclusivement aux montres dont le prix sortie usine dépassait les 3’000 francs suisses. Mais la question ouverte est de savoir quelles seront les conséquences de la guerre en Ukraine et des sanctions contre la Russie.
Cependant, dans ce segment de prix, certaines marques misent sur de longues listes d’attente qui leur permettent d’aborder la situation avec sérénité.
« Comme nous n’avions pas assez de montres pour les autres marchés, ce que nous ne livrerons pas en Russie, nous le revendrons ailleurs », a assuré Edouard Meylan lors d’un entretien avec l’AFP.
L’intégralité de sa production pour 2022 est déjà prévendue aux détaillants et partiellement prépayée par les clients finaux. Cette marque, qui ne produit que 2’000 montres par an au prix moyen de 45’000 francs suisses, refuse même désormais les demandes qui nécessitent plus de deux ans d’attente.
« De plus, il y a l’incertitude que cela peut créer sur d’autres marchés, notamment sur les marchés financiers », a-t-il reconnu. « Mais il faudrait un gros crash pour qu’une marque indépendante comme la nôtre soit touchée », a-t-il déclaré.
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