Au tour d’Hugo Boss d’être boycotté en Chine pour ses positions contre le travail forcé des Ouïghours dans la région cotonnière du Xinjiang. Samedi, trois célébrités ont arrêté leur collaboration avec la marque allemande, dont l’acteur Li Yifeng, suivi par 60 millions de personnes sur Weibo, le Twitter chinois. L’homme qui est devenu l’un des ambassadeurs « Boss » au début de l’année dernière a affirmé sur le site de microblogging au cours du week-end qu’il ne coopérerait qu’avec des marques qui soutiennent et achètent spécifiquement du coton de l’extrême ouest de la Chine.
A la Bourse de Francfort, les actions du groupe de prêt-à-porter ont perdu plus de 2%. Après H&M, Burberry, Nike et Adidas la semaine dernière, c’est au tour d’Hugo Boss d’être la cible des consommateurs chinois. Le boycott, présenté comme spontané par Pékin, prend de l’ampleur, et fait suite à la décision lundi dernier de l’Union européenne de sanctionner la Chine pour la persécution de la minorité musulmane ouïghoure. Les ministres des Affaires étrangères ont placé quatre dirigeants du Xinjiang et une entité régionale sur la liste des sanctions pour violations des droits de l’homme, créée en décembre 2020. Ces dirigeants sont désormais interdits de se rendre dans l’Union européenne. La condamnation comprend également un gel des avoirs détenus dans les pays membres.
L’an dernier, H&M, Nike, Adidas et Uniqlo se sont engagés à ne plus utiliser de coton issu de cultures de la province du Xinjiang… sans que cela n’entraîne un boycott des consommateurs chinois. H&M n’avait pas essuyé les foudres des consommateurs chinois quand, en janvier, à l’occasion de la publication par le groupe de ses comptes 2020, sa PDG, Helena Helmersson, avait réaffirmé son engagement de ne pas acheter de coton du Xinjiang. « Il est difficile pour toutes les marques de l’industrie textile de comprendre exactement la traçabilité du coton. Cependant, nous travaillons avec des organismes de certification et avec la BCI (Better Cotton Initiative) », a-t-elle expliqué à un analyste financier qui l’a interrogée sur la chaîne d’approvisionnement, les perturbations potentielles et les coûts d’approvisionnement.
Des magasins H&M fermés
C’est clairement la condamnation de l’UE qui a changé la donne. Mercredi, des articles H&M ont été retirés de la vente par les géants chinois du e-commerce Alibaba et JD.com. Ensuite, les franchisés ont décidé de fermer complètement leurs magasins dans certaines régions. Selon l’agence de presse Bloomberg, qui a contacté les exploitants de centres commerciaux, « au moins six magasins situés dans les villes d’Urumqi, Yinchuan, Changchun et Lianyunang ont été fermés par leurs propriétaires », peut-on lire. Samedi. A Stockholm, les actions de la marque chutent encore de plus de 2% après avoir déjà chuté de 4% la semaine dernière.
Pour éviter le boycott, Hugo Boss a promis jeudi sur son compte Weibo qu’il « continuerait à acheter et à soutenir le coton du Xinjiang », avant d’informer vendredi que le post en question n’avait pas été autorisé et que, par conséquent, il était supprimé. « Hugo Boss a pourtant fait savoir qu’il ne tolérait pas le travail forcé, indique l’analyste Tangi Le Liboux, chez Aurel BGC. Et dans une gymnastique inconfortable, assure qu’il ne s’approvisionnait pas directement en produits de cette région. »