L’homme jugé cette semaine pour le meurtre de son ex à Ecquevilly (Yvelines) s’était forgé une réputation d’idole inflexible sur Internet, paraissant cacher ses faiblesses.
« Il était dans son délire de vidéos, comme s’il était assis. Tout le monde le trouvait bizarre, mais pas méchant au début », décrit une amie de Mélanie à propos de Mickaël P.. Ce quadragénaire sera à l’affiche du 17 au 26 janvier 2023 devant la cour d’assises des Yvelines pour le « meurtre » de son ex, la « tentative de meurtre » sur cet amant et la sœur de cette dernière, ainsi que pour une « agression sexuelle » sur cette dernière.
80 coups de couteau
Le 29 janvier 2020, cette prof de fitness, qui s’était aussi un peu fait une réputation de coach en séduction en ligne, était entrée en pleine nuit chez Mélanie à Ecquevilly. Rempli de jalousie, il avait brutalement tué cette analyste financière de 34 ans, également professeur de Zumba, en la poignardant à 80 reprises. Il avait grièvement blessé les deux autres personnes présentes dans la maison.
Séduire sans séduire : l’effet Fifty Shades of Grey. Le but de ce cours est d’élargir votre compréhension de la séduction. « D’une voix basse et calme, l’accusé narre sa science de l’amour au fil des quelque 2 000 vidéos publiées sur sa chaîne YouTube. En ligne, il se présente comme une séductrice à la force tranquille, un coup de cœur inflexible, affirmant son côté macho. Loin de l’image d’un homme fragile et excessivement possessif, incapable d’accepter la rupture, qui se dégage des débats.
Sur son profil – une vitrine pour vendre sa formation rémunérée – l’accusé, ouvertement misogyne, affiche sa prétendue connaissance des femmes et distille des « conseils » amoureux à ses 2 000 abonnés : « Comment gérer le retour de son ex », « Comment éviter « l’enfer sexuel sur terre (sic) », « Devenir un expert en rencontres »…
« Planter quelqu’un pour le plaisir »
Cependant, certaines séquences suggèrent un personnage plus sombre, comme celle où il exhibe un couteau qui peut servir à « manger, prendre la vie » ou « planter quelqu’un pour le plaisir ». Sa chaîne, toujours en ligne, lui servait aussi de journal. Il raconte une dispute avec Mélanie, la mère d’un enfant issu d’une autre relation.
Le psychiatre expert a regardé ses podcasts. Il y voit « la persistance d’une conflictualité intrapsychique non résolue dans l’enfance, avec en toile de fond une hostilité et une haine meurtrière envers les femmes, et surtout envers sa mère, mais restée indescriptible et occulte. »
Son frère l’accable devant les gendarmes
Certains membres de son entourage, interrogés par les gendarmes, brossent un portrait peu flatteur de la personne en question. A commencer par le frère : « Il n’accepte pas d’être contredit. Il a créé un monde virtuel à son image à travers sa chaîne YouTube. Il passe presque tout son temps derrière son écran. » Il a coupé les ponts avec Mickaël, son aîné, en 2015, après que ce dernier a battu son partenaire de l’époque sous ses yeux, lui causant dix jours d’ITT : « Sans mon intervention, il l’aurait tué. Faits pour lesquels il a été condamné à 4 mois de mise à l’épreuve le 2 octobre 2015.
Géraldine, une de ses ex, parle d’un homme « égocentrique, égoïste, jaloux » et partage cette anecdote sur leur histoire remontant à plusieurs années : « Un jour, en rentrant, il avait imprimé des mails que j’avais envoyés à amis où j’exprimais des doutes sur notre relation. Il avait souligné et commenté certains passages.
Plusieurs autres de ses conquêtes n’ont, au contraire, « rien à lui reprocher ». « Je n’ai pas reconnu l’homme que je connaissais en regardant ses vidéos YouTube », raconte Élodie, qui est sortie avec lui au début des années 2000.
« Dépressif » et « incohérent » dans les jours qui ont précédés les faits
Mickaël P. a clairement perdu pied dans les semaines précédant le crime. Mathieu, son ami, l’a vu peu avant et l’a trouvé « dépressif », « fou » et « incohérent », comme s’il était au courant de sa relation avec Mélanie.
Le prévenu, qui dormait de gauche à droite depuis un moment, avait été hébergé par un couple qu’il connaissait à l’été 2019. Fanny, la copine de l’hôte, avait eu peur de lui. « Une fois qu’il avait appris à son sujet qu’ils s’étaient inquiétés pour elle, et lui avaient dit qu’il l’avait bien observée », transcrivent les gendarmes dans un rapport sommaire. A sa petite amie, il avait esquissé les premières grandes lignes de son projet criminel, persuadé qu’il avait l’intention de s’introduire chez elle en découpant la porte à la meuleuse, afin de « relancer l’affaire ». Son interlocuteur, qui n’est pas inculpé dans l’affaire, lui avait plutôt conseillé d’utiliser un pied de biche, qu’ils étaient allés acheter ensemble et qui a été utilisé le soir du drame.
Mélanie et Mickaël P. sont restés en couple de 2015 à 2019. Durant la relation, l’accusé, qui vivait de ses crochets, aurait été violent envers elle. Dans l’une de ses explosions, il avait également saccagé la résidence de son compagnon. Elle n’avait jamais voulu porter plainte, et avait succombé à son chantage suicidaire à son encontre.
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