De la finale victorieuse de la Coupe du monde 2018 à Moscou à celle de Doha, dimanche contre l’Argentine, l’équipe de France a connu des chocs et des coups, le rappel inattendu de Karim Benzema et l’émergence d’une nouvelle génération autour de professeurs vedettes comme Hugo. Lloris et Olivier Giroud.

Après la folle nuit du 15 juillet 2018 au stade Luzhniki de Moscou, les Bleus vivent un automne mitigé et sans grand effort autour d’un nouvel événement, la Ligue des Nations, avec peu de renouveau dans le groupe France hormis l’arrivée de Tanguy Ndombélé, Ferland Mendy ou Alassane Pléa.

Les Français honorent généralement leur star de champions du monde, mais ils connaissent tout de même « deux trous noirs, deux trous d’air » aux Pays-Bas et en Turquie (défaites 2-0), en novembre 2018 et juin 2019, pour reprendre la formule de Didier Deschamps.

Problème : ces matchs coûtaient cher. Le premier prive les Bleus d’un ticket pour le « Final Four » de la Ligue des Nations, et le second leur fait perdre temporairement leur avance dans les qualifications pour le CE.

A l’automne 2019, la morosité s’empare des Bleus, avec une attaque défaillante. Deschamps surprend son monde au soir de son 100e international comme entraîneur, face à l’Albanie (2-0) : il choisit une tactique unique à trois défenseurs centraux, destinée à mettre ses joueurs offensifs dans le meilleur rapport possible. L’essai est décisif, Antoine Griezmann sera à nouveau « brillant », selon l’entraîneur.

La pandémie de Covid-19 a ensuite mis le football international à l’arrêt pendant près de dix mois.

A la reprise, surprise : Deschamps rappelle Adrien Rabiot, banni depuis qu’il a refusé d’être réserviste à la Coupe du monde 2018. Le centre de la Juventus, remplaçant naturel de Blaise Matuidi, s’intègre rapidement dans l’équipe standard, presque la même qu’en Coupe du monde .

Les Bleus s’écrasent en amical face à la Finlande (défaite 2-0) mais réussissent leur campagne en Ligue des Nations (cinq victoires, un nul), avec un match référence à huis clos au Portugal (1-0) remporté grâce à N’Golo Edge .

A quelques mois de l’Euro, reporté d’un an, la France s’impose clairement comme favorite, d’autant que de nouvelles têtes émergent et rajeunissent le groupe : Eduardo Camavinga, Dayot Upamecano, Mike Maignan et Marcus Thuram.

La surprise Benzema, la désillusion suisse

18 mai 2021, Coup de tonnerre : Deschamps rappelle Karim Benzema, banni cinq ans et demi en raison de « l’affaire sex tape ». « Je mets mon cas personnel de côté » car « mes choix sont guidés par les meilleurs de l’équipe de France », clame le sélectionneur.

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Pour son deuxième match de reprise, Benzema est sorti de blessure face à la Bulgarie (3-0). Son rival historique Olivier Giroud le remplace, claque un doublé et s’enflamme dans les coulisses avec une déclaration plutôt anodine sur le manque de « bons ballons » pendant la partie : Kylian Mbappé s’estime visé et prend la volée.

Placée dans le « groupe de la mort » à l’Euro, la France domine l’Allemagne, est neutralisée par la Hongrie et le Portugal. Elle a terminé première de la piscine, mais léthargique. Et en huitièmes de finale, dix minutes cauchemardesques en fin de match ont permis à la Suisse de revenir deux buts derrière. Mbappé rate un tir au but et les Bleus prennent la porte (3-3 ap., 5-4 d.a.b.).

Pour la première fois de son mandat, Deschamps ne signe pas de prolongation de contrat au-delà de la Coupe du monde 2022 : il sait que son avenir dépendra du tournoi au Qatar.

Le patron des Bleus promeut la thèse sur l’accident et l’automne le conforte dans sa position. Avec son nouveau plan tactique, la France frappe contre la Belgique (3-2) et l’Espagne (2-1) pour remporter la Ligue des Nations en Italie avec un gala Benzema.

Malgré des déséquilibres défensifs, l’esprit moscovite semble refaire surface, avec deux titulaires qui émergent : Théo Hernandez et Aurélien Tchouaméni.

Les Tricolores sont à nouveau sur une série de sept victoires consécutives à l’approche du rassemblement de juin 2022. Mais soudain tout s’arrête : les blessures se succèdent et les Bleus terminent la saison avec deux nuls et deux défaites.

En septembre, les défauts physiques abondent encore et une équipe rajeunie s’effondre 2-0 au Danemark, conduisant Deschamps à abandonner définitivement le système à trois dans son équipe de Coupe du monde.

Les préparatifs de la Coupe du monde s’accompagnent de doutes, d’un climat pesant dans l’association et surtout des forfaits jaillissants de Paul Pogba, N’Golo Kanté, Karim Benzema, Christopher Nkunku, Presnel Kimpembe, Mike Maignan. Lucas Hernandez étoffe la liste d’entrée contre l’Australie (4-1).

A Doha, séduisante contre le Danemark (2-1), la France rate contre la Tunisie (1-0) lors d’un match sans efforts avec des remplaçants. Elle se relance avec un 8e de finale maîtrisé contre la Pologne (3-1), dompte l’Angleterre (2-1) lors d’un sommet très tendu et disputé, avant de confirmer face à l’inattendu Maroc (2-0) en demi-finale et d’être capable de disputer la quatrième finale de Coupe du monde de l’histoire du football français.