Publié le 19 janvier 2023 à 7 h 00 Mis à jour le 19 janvier 2023 à 9 h 56
Un mariage, la naissance d’un enfant, un départ à la retraite : tous ces moments sont autant d’occasions de se retrouver entre collègues. Un autre type d’événement, moins joyeux, mais tout aussi important et excitant, existe sans que les entreprises y soient forcément bien préparées : le deuil. Comment gérer un collègue triste ? Que faire si vous êtes vous-même affecté par la perte d’un être cher ?
Quelques rappels juridiques pour vous aider à démarrer. En cas de deuil, le salarié peut s’absenter pour une durée variable selon les circonstances. Pour plus d’informations sur les conditions de début du congé de deuil, vous pouvez vous référer à votre convention collective ou vous rendre sur le site du ministère du travail.
Le deuil est un processus naturel et normal. Cependant, cela ne l’empêche pas d’être pénible et difficile. Elle peut paraître longue et passe par différentes étapes. Cette dernière demande de la patience et de la compréhension, que ce soit avec les personnes endeuillées ou envers soi-même lorsqu’on est en deuil.
Que faire face à un collègue endeuillé ?
Il faut garder à l’esprit qu’une certaine pression sociale s’exerce sur les personnes endeuillées. On attend souvent d’eux qu’ils se comportent d’une certaine manière et qu’ils expriment parfois leurs émotions, parfois qu’ils se comportent « normalement ». Évitez donc au maximum de renforcer ce genre d’ordre en incitant votre collègue à voir le bon côté des choses ou à être positif.
Cela ne sert à rien, au contraire. La personne affectée est découragée de demander de l’aide, de partager sa douleur avec les autres, ce qui renforcera son sentiment de solitude et lui fera penser qu’elle ne ressent pas ce qu’elle ressent. Les conseils non sollicités sont généralement très ennuyeux, vous en conviendrez sûrement. Dans ces circonstances, il peut être particulièrement désagréable et créer la situation inverse que l’on espérait (soutenir son collègue en difficulté).
Avant toute intervention, essayez de vous interroger sur la pertinence des conseils que vous souhaiteriez. Existe-t-il une réelle aide pour cette personne ? N’est-ce pas une recette pour son comportement ou ses émotions ? Si vous avez vous-même vécu un deuil, vos conseils seront sûrement plus justes et meilleurs.
Aussi, faites de votre mieux pour ne pas juger ou critiquer votre collègue sobre s’il semble complètement indifférent. Pour certaines personnes, ce calme cache une grande tempête et ces consignes renforcent un sentiment de malaise et d’isolement. Deux éléments qui n’aident pas vraiment à reprendre des forces.
Concrètement, qu’est-ce que je peux dire à un collègue endeuillé ?
Vous pouvez vous renseigner sur leur état, leur dire que vous êtes là ou leur demander ce que vous pouvez faire pour eux. Si vous n’êtes pas à l’aise avec les mots, n’hésitez pas à mettre votre soutien en action. Vous pouvez proposer à votre collègue de partager un café ensemble ou votre aide pour lui faciliter la tâche dans certaines tâches qui lui incombent. Enfin, rappelez-vous à quel point une écoute active et attentive peut être bonne. Une oreille attentive sera toujours plus profitable qu’un discours creux et convenu. Soyez là pour votre collègue, pas besoin d’un mot, votre présence peut être plus que suffisante.
Et si je dois moi-même faire face à un deuil ?
Si vous vous jugez parce que vous n’avez pas l’impression d’avoir assez souffert, ne soyez pas votre propre ennemi. Chaque personne a ses propres mécanismes de défense et désactiver ses émotions peut être une stratégie automatique contre laquelle vous ne pouvez pas agir immédiatement et qui peut être protectrice pendant un certain temps.
A savoir : Le deuil a une influence sur la santé mentale, mais il a aussi des conséquences importantes sur la santé physique à long terme. La souffrance et le stress engendrés par le deuil peuvent notamment fragiliser le système immunitaire ou la qualité du sommeil et plus généralement la qualité de vie des personnes endeuillées, principalement dans les premiers mois du deuil.
Les capacités cognitives sont également affectées. Concrètement, cela peut entraîner de la confusion, des problèmes de concentration, un retard mental sévère ou encore des pensées intrusives. Cela peut entraîner, par exemple, des flashbacks liés à l’être cher décédé. Tous ces éléments induiront très probablement une perte d’efficacité dans votre travail. Il est donc important de comprendre que c’est normal et surtout de ne pas hésiter à ralentir et à faire des pauses.
Dois-je (forcément) en parler à mes collègues ?
Non. Si vous n’en avez pas envie ou si vous n’avez pas l’énergie de le faire tout de suite, n’en parlez pas. Vous aurez peut-être d’abord besoin d’un espace (le bureau) où vous pourrez vous changer les idées, loin de votre douleur.
Respectez votre propre timing et essayez d’écouter votre corps autant que possible. Si vous sentez que la seule évocation de l’événement provoque en vous une vague d’émotions qui vous submerge, n’hésitez pas à prendre le temps de le vivre ou à demander le soutien d’une personne de confiance.
A l’image du mouvement d’une vague, l’idée est de la laisser passer en suivant son déroulement et non en cherchant à la bloquer et à vous emporter. Vous pouvez également être accompagné par un professionnel en thérapie pour réguler vos émotions.
Enfin, vous n’avez pas à vous excuser d’avoir ressenti de la douleur et/ou d’être moins efficace dans votre travail. C’est humain. Et en tant qu’êtres humains, nous devons tous passer par l’étape difficile de perdre un être cher un jour. Essayez d’être aussi empathique et compréhensif envers vous-même que vous le feriez avec quelqu’un que vous aimez.
Faut-il reprendre rapidement le travail après la mort d’un proche ?
Il n’y a pas de réponse toute faite à cette question. Pour certains, le retour au travail leur permet de s’oxygéner. Pour d’autres, cela peut créer une surcharge mentale tout simplement insupportable. Le deuil est un processus qui peut prendre plusieurs mois voire des années. Donc, ce n’est pas parce que vous retournez au travail que vous devez nécessairement passer à autre chose. En revanche, si vous avez besoin de temps pour prendre soin de vous et de votre santé, il n’y a rien de mal à ne pas dépasser vos limites. N’hésitez pas à consulter un spécialiste de la santé et à demander une assurance maladie.