À peine réélu, François Legault est dépassé par sa promesse non tenue de réformer le mode de scrutin. Fort du soutien de 41 % des électeurs, il a remporté « 72 % des sièges » et « 100 % des pouvoirs », une « injustice » qu’il faut corriger, plaide le Mouvement nouvelle démocratie (MDN).

Dans une campagne publicitaire dévoilée mercredi et intitulée Ce n’est pas juste, le MDN demande aux Québécois de se mobiliser pour exiger une réforme du mode de scrutin.

Le résultat des élections provinciales, où les quatre partis d’opposition ont obtenu ensemble 59 % des voix mais seulement 28 % des sièges, est une idée fausse aux yeux du président du DND et ancien ministre péquiste Jean-Pierre Charbonneau.

Le Parlement devient la voix d’une minorité de la population au pouvoir comme si elle était la majorité, laissant place aux débats avec un zeste d’arrogance, d’intransigeance et de populisme, dénonce le DND sur un nouveau site Internet lancé dans le cadre de sa campagne.

« C’est comme jeter des votes à la poubelle à chaque élection pour favoriser le vainqueur. »

Legault dit non

Néanmoins, le premier ministre réélu François Legault ferme la porte à la promesse d’une réforme du mode de scrutin, qu’il avait lui-même faite en 2018 avant d’y renoncer durant son mandat.

Je ne pense pas que le système électoral que nous avons soit mauvais. Pendant la campagne électorale, je me suis engagé à ne pas ouvrir ce débat et je tiendrai toutes mes promesses, a-t-il déclaré mardi, au lendemain de sa victoire.

Au cours des dernières semaines, M. Legault a laissé entendre que ce sujet n’intéresse que quelques intellectuels et a réitéré qu’il n’est pas une priorité pour les Québécois, après deux ans de pandémie.

Mardi, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a aussi tenu à rappeler que le résultat de son parti est de loin le meilleur de tous ses adversaires.

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« Nous avons obtenu 41 % des voix et notre plus proche adversaire a obtenu 15 % des voix. Encore faut-il en tenir compte. »

Comment ça marche?

Sur son nouveau site Web, le MDN explique comment fonctionnerait un nouveau mode de scrutin proportionnel mixte avec une liste régionale.

Avec un tel système, les électeurs seraient appelés à voter deux fois. Le premier vote serait pour le député qu’ils veulent élire dans leur circonscription. La seconde serait pour le parti qu’ils veulent voir du gouvernement.

C’est à partir de ce deuxième scrutin, compté dans chaque région du Québec, que des députés seraient élus pour représenter leur région, explique le site Internet, ce qui permettrait de rétablir une juste représentation de chaque parti.

« Les résultats des élections et les sièges remportés à l’Assemblée nationale seraient ainsi le reflet fidèle des convictions du peuple. »

Le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) réclament tous deux cette réforme, tandis que le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) se dit simplement ouvert aux discussions.

Une différence majeure

Radio-Canada a diffusé mardi un reportage avec une simulation à ce sujet. Si la réforme électorale proposée dans le défunt projet de loi 39 avait été en vigueur le soir des élections, la CAQ aurait probablement remporté 75 sièges au lieu de 90.

Le PLQ en aurait remporté 16 au lieu de 21, contrairement à QS, qui aurait remporté 3 sièges supplémentaires, pour un total de 14. De son côté, le PQ aurait élu 10 députés, alors qu’il n’en compte actuellement que 3.

Même le Parti conservateur du Québec (PCQ) aurait pu entrer à l’Assemblée nationale avec un mode de scrutin proportionnel mixte avec une liste régionale : ses 13 % des suffrages lui auraient valu 10 sièges à la Chambre bleue.

Le MDN promet qu’une pétition sera lancée prochainement pour que les Québécois puissent réclamer publiquement cette réforme au gouvernement Legault.