Par Rémi Monnier – r.monnier@sudouest.frPublié le 06/01/2023 à 14h30 Mis à jour le 06/01/2023 à 14h30

Au départ, c’est une photo qui nous interpelle. Ses cheveux bruns radieux avec une frange, un piercing à la lèvre, un tatouage sur l’épaule. Lui, au fond, accoudé à un banc, souriant derrière de grosses lunettes de soleil, portant une veste zippée jusqu’au cou. Leslie et Kevin, 22 et 20 ans : dits disparus des Deux-Sèvres. En effet, nous avons perdu leur trace, ainsi que celle de leur chien…

Au départ, c’est une photo qui nous interpelle. Ses cheveux bruns radieux avec une frange, un piercing à la lèvre, un tatouage sur l’épaule. Lui, au fond, accoudé à un banc, souriant derrière de grosses lunettes de soleil, portant une veste zippée jusqu’au cou. Leslie et Kevin, 22 et 20 ans : dits disparus des Deux-Sèvres. Nous avons en effet perdu leur trace, ainsi que leur chien Onyx, dans la nuit du 25 au 26 novembre à Prahecq, au sud de Niort, entre la maison d’un ami où ils avaient passé la soirée et celle, toute proche, où ils allaient dormir. . Depuis, plus rien. Leurs véhicules n’ont pas bougé. On vient de retrouver les effets personnels du couple dans un container à vêtements à Puyravault, près de Surgères, en Charente-Maritime.

Nos articles sur les disparitions de Leslie et Kevin intéressent de nombreux lecteurs. Une nouvelle fascinante, et pourtant pas si rare. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 40 000 adultes sont portés disparus chaque année en France. Parmi eux, 10 000 ne sont jamais retrouvés. « C’est intéressant, on ne sait pas pourquoi, dans les journaux ou sur les ondes, certaines de ces histoires ont une destination et d’autres pas », explique Christophe Hondelatte, qui présente « Hondelatte compte » sur Europe 1, comme jusqu’en 2011. l’émission culte « Faites venir les accusés ». « Les gens sont détenus parce qu’il y a certainement un processus d’identification », poursuit-il. Ces histoires peuvent arriver à n’importe qui, à un être cher, à nous-mêmes. »

Disparition de Leslie et Kevin : notre dossier

Leslie et Kevin, un couple originaire de Charente-Maritime, sont portés disparus depuis le 26 novembre à 3 heures du matin, après une soirée entre amis à Prahecq, dans les Deux-Sèvres. Une enquête est ouverte sur la disparition inquiétante de majeurs, avec la délivrance d’une citation à comparaître

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En revanche, il n’est pas systématique que la justice ouvre une enquête sur la disparition inquiétante d’un majeur. Cela ne facilite pas le travail de la presse. Sophie Carbonnel, journaliste au « Sud Ouest » en Charente-Maritime, qui enquête sur les disparus dans les Deux-Sèvres, en témoigne. « Il est très difficile d’obtenir des informations », a-t-il déclaré. Et quand nous en trouvons un, confirmez-le. Les magistrats du parquet de Niort, chargés de l’enquête, ne sont pas ses interlocuteurs habituels. Et même cette « source » officielle peut se tromper, comme dans son communiqué où il parle de Puilboreau (commune proche de La Rochelle) au lieu de Puyravault…

C’est grâce à ses bons contacts avec une collègue des Deux-Sèvres et via les réseaux sociaux que notre journaliste a appris les disparitions. En effet, des proches de Leslie et Kevin, sans nouvelles d’eux, y ont émis des avis de recherche. Ainsi, Sophie Carbonnel a réussi à entrer en contact avec les parents de Leslie, qui l’ont reçue chez eux, à Thairé, au sud de La Rochelle, pour lui faire part de son inquiétude et lui expliquer qui est leur fille, son mode de vie, ses projets… C’était aussi le journaliste qui leur a dit qu’ils venaient de trouver des effets personnels à Puyravault. Un rendez-vous avait également été pris avec les parents de Kevin. Mais ceux-ci, une fois interrogés par un autre moyen, ont changé d’avis. « Avec mon collègue photographe, nous sommes allés faire une enquête dans le quartier de Prahecq en décembre », raconte Sophie Carbonnel. Mais les portes se sont fermées à nos yeux. Personne ne voulait parler de l’affaire. Et les deux jeunes hommes n’étaient pas connus dans cette ville où ils n’habitaient pas. »

En revanche, fait classique, notre chercheur a reçu pas mal de communications farfelues. « Tout le monde est suspect », a-t-il dit, « si j’en crois les courriels des enquêteurs autoproclamés, les médiums aussi. Jeudi, la belle-mère de Kevin a révélé qu’il avait 10 000 euros en espèces le soir de la disparition. Une déclaration dont notre journaliste n’a pas encore pu confirmer la véracité. Les chercheurs travaillent, mais en silence.