L’ARN messager est connu du grand public depuis la crise sanitaire. Après avoir développé des vaccins contre le Covid-19, cette technologie inédite est désormais mise au service du cancer. La collaboration entre les laboratoires Merck et Moderna a conduit au développement d’un vaccin contre le mélanome.
Depuis 2016, les laboratoires Merck et Moderna travaillent ensemble pour trouver un traitement contre le cancer. Leurs travaux ont abouti au développement d’un vaccin ARNm-4157/V940 contre le mélanome (le cancer de la peau le plus grave). Contrairement à la plupart des vaccins sur le marché, celui-ci a un effet curatif. En fait, ce traitement expérimental ne vise pas à prévenir le cancer, mais à le guérir.
Un vaccin encore en phase de test
Le vaccin est actuellement testé sur un groupe de 157 patients qui ont reçu un diagnostic de mélanome à haut risque et qui l’ont ensuite fait retirer chirurgicalement. Ces patients ont été répartis au hasard en deux groupes. Le premier groupe a reçu le vaccin à raison de neuf doses toutes les trois semaines en association avec un médicament anticancéreux (Keytruda®) déjà commercialisé pour traiter le mélanome à un stade avancé. En revanche, le groupe témoin n’a reçu que ce médicament anticancéreux pendant un an. Au terme de cette étude, l’évaluation de la survie des patients sans récidive du cancer permettra d’évaluer l’efficacité du vaccin à ARN messager.
Après les vaccins Covid, que promet l’ARN messager en médecine ?
Un mode d’action innovant
Le vaccin mRNA-4157/V940 est un vaccin anticancéreux personnalisé, c’est-à-dire adapté au profil de la personne atteinte de la maladie. Pour chaque patient, l’ADN de la tumeur est prélevé et incorporé dans l’ARN messager. Ainsi, la réponse du système immunitaire médiée par les lymphocytes T est adaptée aux mutations spécifiques du mélanome. Son mode d’action repose sur la stimulation du système immunitaire pour mieux reconnaître et neutraliser efficacement les cellules cancéreuses.
Quel avenir pour l’ARN messager ?
Le vaccin ARNm-4157/V940 est actuellement dans la deuxième phase des essais cliniques. Pour évaluer son efficacité et sa tolérabilité, il a été administré à des patients volontaires atteints de mélanome. Les premiers résultats de cette étude sont attendus fin 2022. Le président du Laboratoire Moderna est enthousiasmé par l’avenir et l’impact de l’ARN messager dans le traitement du cancer. De son côté, le laboratoire BioNTech a récemment évoqué la possibilité de développer un traitement anticancéreux à base d’ARNm d’ici 2030.
La technologie des ARNm n’a donc pas fini de susciter l’espoir d’améliorer certaines thérapies. Selon les laboratoires Merck et Moderna, l’ARNm pourrait être utilisé pour développer de nouveaux médicaments prometteurs. Ces découvertes permettraient d’améliorer significativement le traitement de certaines pathologies comme le cancer, l’infection par le VIH, les maladies cardiovasculaires ou encore les maladies auto-immunes.