Treize ans après le premier « Avatar », la suite « Avatar : le chemin de l’eau » sort en salles mercredi. Entre ces deux films, la technologie 3D, comme promis, n’a pas réussi à s’imposer largement dans les salles.

Une révolution éphémère ? Avatar : le chemin de l’eau sort en salles mercredi et sera disponible en trois dimensions dans de nombreuses salles françaises. Une technologie qui s’est cependant progressivement éteinte depuis le premier Avatar. En 2009, le film de James Cameron préside à l’arrivée massive de la 3D sur les écrans de cinéma. « Le film est arrivé à un moment où s’amorçait le passage à la projection numérique dans les salles, explique Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF). Auparavant, les films étaient projetés avec des bobines 35 mm. il est possible de faire des projections 3D de très haute qualité comme jamais auparavant. »

ENTRETIEN >> James Cameron : « A travers Avatar, je voulais dire ce que je ressentais pour notre planète »

Trop de films « simplement adaptés à la 3D »

A l’époque, la 3D était perçue comme une évolution technique destinée à s’imposer, tout comme la pellicule couleur en noir et blanc. Ce n’était pas le premier film à proposer de la 3D, Alfred Hitchcock s’y était notamment intéressé dans les années 1950 avec Le Crime était presque parfait. Mais le film de James Cameron est vu à l’époque comme une révolution dans les salles : la qualité du travail du réalisateur américain attire les téléspectateurs français avec 14 millions de spectateurs. Si toutes les salles n’offraient pas à l’époque la projection du film avec l’effet de relief, beaucoup étaient équipées des fameuses lunettes 3D. Les réalisateurs avaient déjà fait usage de cette nouvelle technologie : James Cameron prend notamment les exemples de L’Odyssée de Pi d’Ang Lee, Martin Scorsese avec Hugo Cabret ou encore avec Ridley Scott pour Prometheus. « Ils ont tourné en 3D native, explique le réalisateur américain. D’autres réalisateurs ont proposé de la 3D avec une post-conversion et ils sont arrivés à un résultat très limité. »

« Il y a des films conçus pour la 3D et d’autres films qui ont simplement été adaptés pour la 3D, abonde Marc-Olivier Sebbag. Donc la 3D était dévalorisée aux yeux du public à l’époque, car il y avait moins de films à certaines périodes qui avaient vraiment été conçu pour lui dès le début. » Sans oublier également qu’une séance 3D demande souvent quelques euros supplémentaires pour vivre le film de manière immersive.

Face au manque d’intérêt du public, la société américaine IMAX a annoncé en 2017 qu’elle ne diffuserait plus de films en 3D. Et malgré les espoirs du secteur, cette technologie n’a pas non plus pénétré nos salons. Après avoir produit des téléviseurs capables de visualiser la 3D à l’aide de lunettes, les fabricants Philips et Samsung ont annoncé en 2016 qu’ils ne proposeraient plus cette technologie (plus chère que d’autres modèles) dans leurs prochains modèles.

À Lire  Eyewear for all ouvrira une usine en France en 2022

« Une sorte de niche »

Cependant, le film à effet de relief n’a pas totalement disparu. Le marché chinois est très satisfait de ce type de production. En France, de nombreux blockbusters sortent encore avec une version 3D, mais souvent le nombre de projections disponibles est limité. Difficile de dire si les téléspectateurs français afflueront pour voir Avatar 2, même s’ils semblent toujours attachés à cette technologie. En septembre, le film Avatar est revenu au cinéma dans une version restaurée. « En quinze jours, ce film a fait 500 000 entrées et nous étions sur une sortie assez limitée. Donc on voit bien qu’il y a un souvenir très fort d’Avatar 1 et que le public attend avec impatience un Avatar 2. » , assure Marc-Olivier Sebbag.

Cette technologie pourrait-elle renaître et s’imposer dans les cinémas ? « Je serais assez optimiste, estime le directeur de la photographie professionnel, sans dire qu’il remplacera tous les types de films. Il restera très particulier, lié à la volonté du réalisateur pour un certain nombre de films. Il ne remplacera pas le film en deux dimensions, mais ce sera un des modes, comme si vous aviez VO, VF, 3D, 2D… » Et d’ajouter : « Le public trouvera régulièrement des films où la 3D prendra toute sa place et aura une réelle haute qualité « .

La 3D « est devenue une sorte de niche », dit James Cameron, « une sorte de métier très spécifique à certains films, les cinéastes l’adoptant d’un point de vue créatif ». Pour le réalisateur d’Avatar 2, « d’un point de vue technique », la 3D « était la partie la plus facile du film car on l’avait déjà fait et on avait déjà résolu tous ces problèmes. Quand on l’a déjà fait, on sait comme vu comment le faire ».

Les innovations techniques resteront au cœur de l’expérience cinématographique, rappelle Olivier Sebbag : « Tout au long de l’histoire du cinéma, vous avez des innovations technologiques comme le parlant, la couleur, le technicolor et la 3D. Le cinéma, à la différence du spectacle vivant, repose sur développement technologique qui offre à chaque fois au spectateur quelque chose, qu’il ne peut voir nulle part ailleurs. » Pour Avatar 2, certains multiplex comme UGC proposent la projection du film en High Frame Rate (HFR), qui propose entre 48 et 60 images par image. seconde projetée, contre 24 normalement, donnant une image plus fluide surtout pour les films 3D.