Narrés par la légende Nas, les huit épisodes de cette série documentaire retracent le parcours de quelques grandes figures du hip-hop en leur compagnie. Et pour la plupart, il y a au moins trois décennies de carrières à couvrir.

C’est une bien triste réalité : trop de grands noms du rap américain sont morts prématurément. Dès lors, voir certains d’entre eux participer à cette série documentaire est une opportunité et même un privilège.

Car chaque épisode nous propose de passer 40 minutes quasiment en tête-à-tête avec des pionniers comme Grandmaster Flash, Busta Rhymes, Ice-T et Lil Jon pour retracer le parcours de chacun.

Si les témoignages de proches représentent une figure attendue dans ces documentaires, c’est le regard porté par chaque artiste sur sa propre carrière qui nous interpelle le plus. Et la bonne nouvelle, c’est que ces interviews filmées avec les rappeurs sont généreuses.

Il faut dire que la plupart des artistes présentés dans cette série documentaire ne savent pas qu’ils sont dans la langue du bois. Avec sa voix grave si particulière, l’ancêtre du gangsta rap Ice-T nous régale surtout d’anecdotes tirées de ses tournées rock’n’roll, évoquant par exemple un « bras de fer mexicain » entre son crew et une centaine de gangsters armés de Detroit dans son hôtel. . .

Sur une note beaucoup plus émouvante, Fat Joe se souvient avoir utilisé son avance de label pour payer les factures médicales de sa mère, qui a appris qu’elle souffrait d’un cancer le jour même où son fils a signé son premier contrat. .

L’émotion est également perceptible dans les yeux de Grandmaster Flash lorsqu’il évoque la mort de Keef Cowboy ou doit s’exprimer sur les blagues de Sylvia Robinson, la patronne du label Sugar Hill Records, qui a utilisé son nom pour vendre le tube progressif. The Message, parce qu’elle a retiré Grandmaster Flash et le reste du groupe (les Furious Five) de la production du single.

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De retour de ses addictions, le DJ le plus célèbre de l’histoire du hip-hop offre sans doute l’épisode le plus intéressant de la série, d’autant qu’il nous permet de revenir au tout début du mouvement hip-hop, lorsqu’il perfectionne son mixage. techniques. dans les parcs puis plus tard dans les salles devant un public grandissant, dont Debbie Harry de Blondie, l’une de ses premières fans, qui lui rendra hommage dans la chanson Rapture (1981).

Au rayon des carrières mouvementées, Ja Rule n’est pas mal non plus. Grande star au tournant des années 2000, le rauque rappeur cumule alors les échecs, notamment dus à la drogue, qu’il avait déjà affrontée dans sa jeunesse pour faire face dans le Queens, qu’il raconte ici avec un naturel déconcertant.

Le naturel n’a jamais été le point fort de Lil Jon, mais difficile d’en vouloir au rappeur d’Atlanta, qui explique notamment dans son épisode la naissance de son look emblématique (lunettes de soleil, dents en or, chaînes et pendentifs géants…), habitué à se démarquer.

Enfin, il y a heureusement une rappeuse dans cette sélection d’artistes, et c’est la plus jeune de toutes : Eve. Devenue actrice depuis sa révélation en 1999 avec son premier album, elle raconte comment elle a auditionné pour Ruff Ryders dans un studio rempli d’hommes. Et dans l’ensemble, sa rétrospective de sa carrière réussie dans un environnement outrageusement masculin force le respect. Espérons que son histoire inspirera d’autres femmes à mettre un pied dans la porte du hip-hop.

Aux origines du rap, un documentaire disponible sur CANAL+ Docs.