Lors d’une rencontre avec la presse le 16 janvier, Sophie Joissains a présenté un tour d’horizon des chantiers les plus importants qui auront lieu en 2023. Un panorama émaillé de commentaires critiques sur la gouvernance de la métropole Aix-Marseille Provence.

TerritoiresBouches-du-Rhône Publié le 19 janvier 2023 à 16:00 par William Allaire

Urbanisme, Rénovation urbaine, Logement, Ameublement, Eclairage, Taxes, Loi 3DS… Lors d’une conférence de presse le 16 janvier 2023, au salon de la Mairie, Sophie Joissains a passé en revue les dossiers les plus importants qui feront l’actualité de la ville d’Aix- en-Provence, dont elle est la première juge à partir du 1er septembre 2021. Un exercice rituel en cette période de vœux qui n’a évidemment pas manqué d’exposer le gouffre qui sépare la ville d’Aix et la Métropole d’Aix-Marseille Provence (AMP). Un gouffre dont la profondeur a été encore accentuée par la nouvelle loi de gouvernance post-3DS adoptée par Martine Vassal, présidente de l’intercommunalité.

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« Même si je ne me réveille pas le matin en pensant à la Métropole », le maire d’Aix voit que l’institution Pharo s’immisce dans la plupart des affaires de sa commune. Le dernier exemple date du 6 janvier, jour de l’inauguration de la nouvelle tribune du stade Maurice David. Née il y a plus de quinze ans dans le berceau de la ville, avant de grandir sous l’égide de la communauté municipale du Pays d’Aix, cette infrastructure sportive est aujourd’hui au sein de la métropole. Ainsi, lors de la coupe du ruban, Martine Vassal était sur la pelouse synthétique à côté des élus aixois. Présence logique, le projet a été piloté par la Métropole AMP… mais pas vraiment apprécié. « Ce stade, que nous avons construit et équipé depuis 2005, contribue à l’attractivité d’Aix. Je veux le garder dans les équipements communaux », a tancé Sophie Joissains. Un choix permis sur le papier par la loi 3DS qui a ouvert la voie à la redistribution des compétences et des équipements locaux entre la métropole et les communes. Des mesures connexes doivent encore être appliquées. Cependant, c’est loin d’être le cas. « On a affaire à une institution mise en place sans les moyens nécessaires à l’exercice de ses attributions », soupire l’édile d’Aix, pointant « l’immense dette de la Métropole, plus de 3 milliards d’euros ». Et le nouveau pacte financier et fiscal, négocié sous la pression du gouvernement et du président de la République de Pologne, sonne la fin de l’abondance.

Au Cours Mirabeau, une cure d’épargne est annoncée.

« C’est la politique du filet : à chaque fois que vous pensez avoir gardé quelque chose, on vous enlève autre chose… » grince Sophie Joissains.

« 40 M€ puisés dans les poches du contribuable »

A terme, « il faudra soutirer 40 millions d’euros d’impôts aux contribuables. Ce n’est pas pour ça que j’ai été élu », se moque l’ancien sénateur, stigmatisant notamment l’augmentation de 3,4 %. taxe d’enlèvement des ordures ménagères décidée par la Métropole. Dans le Pays d’Aix, l’impact devrait être en moyenne de 92 € supplémentaires par foyer. Et pour les entreprises, « c’est une double peine car elles paient pour un service qui n’est plus assuré par la collectivité et elles doivent aussi payer pour que leurs déchets soient évacués par des prestataires privés ».

Ce coup de pression fiscale tourne mal car en juillet 2020, au lendemain de sa défaite aux élections municipales à Marseille, Martine Vassal a dû rester sur le perchoir métropolitain grâce au soutien de Maryse Joissains et des maires du pays d’Aix. Trente mois plus tard, il y a un sentiment de trahison.

« Le président a été élu sur la base de promesses de restaurer la personnalité juridique des conseils territoriaux, de protéger les communes, les habitants et les entreprises. L’obligation n’est pas remplie. Au contraire, nous le mettrons dans la poche de tout le monde. »

« A la place de Marseille, j’aurais fait la même chose… »

Dans son réquisitoire, Sophie Joissains épargne Marseille et son maire Benoît Payan, qu’elle affirme « apprécier ». « La solidarité avec Marseille est nécessaire. Personne ne le conteste. Il fallait faire quelque chose pour aider la ville centrale. Mais le problème vient du prix de cette solidarité pour les 91 autres communes de la métropole. « Marseille recevra 15 des 22 millions d’euros de la nouvelle Subvention Communautaire de Solidarité (DSC). Aix-en-Provence, comme les 18 communes du territoire de la métropole, ne touchera à rien », déplore le premier juge. Résultat : « L’ensemble du territoire s’achemine vers l’appauvrissement. »

Dans sa ligne de mire, le pouvoir de veto de la ville centrale sur la répartition des pouvoirs. « Chantage » autorisé par la loi 3DS. « La ville de Marseille n’a pas exercé son veto mais a négocié des mesures supplémentaires pour ses voiries. Je comprends son maire quand on voit l’état des routes à Marseille. Beaucoup auraient fait pareil à sa place », note Sophie Joissains.

Un BHNS oui… mais pas celui-là !

Autre pomme de discorde : la conception du bus de service de haut niveau (BHNS). Sur les quinze projets inscrits au plan Marseille en Grand, la métropole a alloué 16,6 millions d’euros pour prolonger sur plus de 2 km l’actuelle ligne BHLS Aixpress du Pont de l’Arc à l’avenue Malacrida, en bordure du quartier du Val Saint-André . « Ce n’est clairement pas une priorité. La métropole a mené des recherches de son côté, ne nous y associant pas » – traite-t-il de l’élu aixoise. Au lieu de s’étendre vers l’est, elle souhaite que le BHNS s’étende vers le centre d’affaires des Milles et Duranne. « Le monde économique soutient nos revendications. L’avenir de cette business unit en dépend. Nous pourrions utiliser l’emprise sur la voie ferrée existante avec seulement deux ou trois passages sans perturber la réouverture de la voie ferrée Aix-Rognac. Il coûte environ 75 millions… ». Quatre fois plus cher que la petite extension Est d’Aixpress. Un surcoût qui pèse peu à ses yeux « par rapport aux 175 millions d’euros que les entreprises du Pays d’Aix versent aux caisses métropolitaines au titre des paiements de mobilité ».

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Les parkings sur une voie contentieuse

Dernier litige : gestion du stationnement. Lors du Conseil Métropolitain du 15 décembre 2022, l’assemblée délibérante a voté l’intérêt de la Métropole pour 8 parkings dans le centre-ville d’Aix. Les élus aixois, majorité unie et opposition, ont déposé un amendement permettant aux maires de conserver la compétence sur leurs parkings lorsqu’ils s’inscrivent dans la politique du centre-ville. Le correctif a été rejeté. Une décision que Sophie Joissains qualifie de « sainte méchanceté ».

« Si je comprends bien qu’on « métropolise » des parkings relais inscrits dans la logique de la mobilité métropolitaine. Je ne comprends pas non plus la raison pour laquelle la Métropole veut reconquérir nos parkings en adéquation avec notre politique du centre-ville. »

Pour le maire d’Aix-en-Provence, cela ne fait aucun doute : avec le lancement des nouvelles Délégations de Service Public (DSP), les tarifs de stationnement en Aixois vont exploser. « Nos parkings deviendront des distributeurs automatiques de billets, comme à Marseille », prédit un élu. Battle, va maintenant l’amener au tribunal. La Ville d’Aix a assigné en justice ce transfert devant le Tribunal Administratif. Un appel de plus dans cette affaire qui empoisonne les relations entre Aix et la Métropole depuis plusieurs années.

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Les chantiers de 2023

Le chantier du stade Carcassonne entre en piste

La ville d’Aix-en-Provence vient de confier à un groupement mené par l’agence d’architecture Chanéac (Mandelieu-la-Napoule) avec les bureaux d’études Beco (Mandelieu) et Egis Eau (Montpellier) la réalisation des études d’un projet de réaménagement du 15 hectares jouxtant le stade de Carcassonne.

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Alors qu’Aix sera la base de l’équipe de France lors de la Coupe du monde de rugby, la ville entamera le reclassement de l’espace sportif autour du stade de Carcassonne et de la piscine municipale. « Dans un premier temps, nous allons retravailler la piste d’athlétisme, précise Sophie Joissains. Le projet, porté par la Spla Pays d’Aix Territoires, prévoit une série d’interventions de toutes natures pour créer une véritable plaine sportive : la rénovation du stade d’honneur, la construction d’un bâtiment d’accueil d’environ 1000 m2 avec vestiaires, douches, toilettes, salle de presse, etc., aménagement d’un espace sportif boisé avec skatepark, 4 terrains de mini-foot, 4 terrains de hand-ball, 2 terrains de football à ul. 11, 4 terrains de volley, 2 courts de tennis, un espace forme… voiries et parkings le long de l’avenue des Déportés et de la rue Coubertin. Les travaux, qui dureront jusqu’en 2026, représentent un investissement de 15 millions d’euros.

Trois nouvelles pistes cyclables

Aix prévoit d’investir 18 millions d’euros dans la mise en place d’un réseau de mobilité douce. En 2023, à Puyricard, sur l’avenue du Colonel Bellec, sur l’avenue Fernand Benoit, trois nouvelles pistes cyclables seront construites pour prolonger la voie existante sur l’avenue Solari et au sud, entre le Pont de l’Arc et Luynes.

La bibliothèque Méjanes se met à la page

En 2023, débuteront les travaux de la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence. La rénovation de 24 millions d’euros, organisée par Panorama Architecture, sera divisée en trois phases. Le premier débutera en juin pour une durée de 16 mois. Il s’agira de rénover les bâtiments des Grandes Allumettes côté rue Jean de la Fontaine, comprenant la salle de cinéma et l’espace d’information, les rues couvertes, ainsi que le bâtiment central abritant la fondation St-John Perse et les bureaux de l’imagerie institut.

Le quartier du Faubourg prépare sa mue

Après un semestre de concertation, la ville a quasiment arrêté les grandes orientations du projet de reconversion du quartier du Faubourg. Ce triangle de 14 hectares, qui couvre la périphérie ouest du centre historique d’Aix-en-Provence, est enclavé entre les trois axes principaux du centre ancien : rue de la Molle, boulevard de la République et cours Sextius. Un élément clé de ce projet, piloté par la SPLA Pays d’Aix Territoires (PAT), sera le reclassement du Cours Sextius et de la rue Lisse des Cordeliers. « Nous souhaitons fermer la partie basse du Cours Sextius à la circulation automobile. La réflexion est faite par des commerçants en bas de l’artère qui souhaiteraient conserver la voie. Nous allons travailler ensemble », explique le maire d’Aix. Les travaux devraient commencer en 2024. Le projet de recomposition urbaine prendra du temps : le calendrier prévoit plusieurs étapes de travaux jusqu’en 2029.

Le PRU d’Encagnane poursuit le chantier du relogement

Le rajeunissement de ce quartier résidentiel prisé est inscrit dans la programmation du nouveau Programme National de Rénovation Urbaine (NPNRU). L’ambition est de revitaliser cet ensemble construit au milieu des années 1960. Deux blocs d’immeubles (Le Méjanes et Le Calendal) de 254 appartements seront démolis par l’agence Pays d’Aix Habitat Métropole (PAHM). Ils seront remplacés par 424 nouveaux logements dans le quartier et au-delà. Cette nouvelle offre comprendra 102 HLM dont 84 dans le cadre de la restructuration de l’offre (55 Plai, 29 Plus et 18 Pls), 145 appartements à accès contrôlé et 177 appartements en location indirecte.

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Cette année, la PAHM et la Ville poursuivront les travaux liés à la réinstallation des ménages de deux bars dont la démolition est prévue. A ce jour, 57 familles ont bénéficié de la reconversion d’appartements dans les parcs locatifs des différents organismes HLM signataires de la carte de donneur. La ville, de son côté, engagera des concertations concernant le reclassement de la place Romée de Villeneuve, agora du quartier où se tient le marché.

Un nouvel écrin pour le domaine du Jas de Bouffan

La ville s’apprête à entamer la deuxième phase du projet de rénovation de la Bastide du Jas de Bouffan, demeure de la famille Cézanne dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le projet vise à réexposer cet espace où Paul Cézanne a créé une quarantaine d’œuvres. La métamorphose, qui sera confiée à deux groupes de maîtres d’œuvre avant la fin de l’hiver. Le premier s’occupera de l’aménagement de l’ensemble historique de la Bastide, du parc et de son conservatoire, tandis que le second assurera la rénovation de la ferme, de la maison de gardien et du hangar. Deux projets d’un coût total estimé à 7 M€ HT (4 M€ pour la bastide et le parc, 3 M€ pour la ferme et ses annexes).

La place d’Albertas enfin restaurée

Joyau patrimonial, la Place d’Albertas entame enfin sa cure de jouvence. Vingt-deux ans après avoir été classé Monument Historique, Vivian & La Cie a entamé des travaux de restauration de la rue pavée entourant la fontaine qui trône au milieu de cette petite agora, l’une des plus photographiées d’Aix. Le projet, en chantier depuis plus d’une décennie, prolongera la calade jusqu’à l’Hôtel d’Albertas, du côté nord de la rue Espariat. Sortir de la différence de niveau qui séparait la place de la rue : elle sera supprimée pour créer une unité spatiale entre les deux fronts bâtis.

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A son tour, Terideal (le groupe Segex) va rénover la fontaine, dont le bassin en fonte accuse le poids des années. À l’issue de ce lifting, la place bénéficiera d’un nouvel éclairage qui illuminera les façades des quatre résidences privées qui l’entourent.

Unparvis pour le nouveau tribunal judicaire

Cette année 2023, les travaux d’aménagement autour du nouveau court seront terminés. Après avoir creusé un petit bassin de rétention (capacité 300 m3), qui permettra de recueillir les eaux pluviales du ruissellement de l’allée jouxtant l’entrée de l’immeuble, le long du boulevard Carnota, la Ville élargira le trottoir vers le sud et le long de l’ul . Boulevard des Poilus. Ce chemin sera recouvert de pierres naturelles.

La Constance attend l’enquête publique

Enceinte depuis plusieurs mois, l’aménagement de la Zac de la Constance (100 hectares, dont 40 hectares aménageables) attend toujours une séance d’administration. « L’État nous a demandé de mener une nouvelle étude sur les services et la biodiversité. Nous nous y sommes attelés en étudiant un autre service au quartier avec le Jas de Bouffan notamment. Nous attendons maintenant une enquête publique. Mais le projet sera revu avec moins de densité », explique Sophie Joissains. (Le dossier de création de ZAC prévoyait la construction de 3 600 appartements avec 70 000 m2 de bureaux et 5 000 à 6 000 m2 de commerces).

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Top départ pour le pôle sportif de la Duranne

Le démarrage des travaux de construction du Centre Sportif de Duranne aura lieu en février. Les travaux réalisés par Bec Construction et Christophe Gulizzi portent sur la construction d’un complexe à énergie positive (2000 m2 de surface utile) comprenant un gymnase avec tribunes, un mur d’escalade intérieur, une salle polyvalente et des vestiaires. Construit le long de la RD 543, l’équipement sera entouré d’un terrain de football en gazon artificiel, bordé de trois couloirs d’athlétisme de 100 mètres et d’un parking hors sol. Montant de l’investissement : 7 millions d’euros.

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