Ce jeudi 20 octobre, le hall des admissions du CH Béziers était investi par des tabacologues, infirmiers et nutritionnistes. Objectif : démarrer peu avant le septième « Mois sans tabac ».
Ils sont placés de manière à ne pas être manqués. Il est quasiment impossible de passer par l’accueil du Centre Hospitalier de Béziers sans tourner la tête. Sans remettre en cause des tonnes de tracts et la présence de ces médecins prêts à vous donner des conseils.
Teresa Babeau, infirmière tabacologue hospitalière, Marina Laurino, nutritionniste, et Philippe Guichenez, pneumologue tabacologue, accueillent les invités, le personnel hospitalier et les personnes souhaitant arrêter de fumer dès 10h. Car ce jeudi 20 octobre débute officieusement la septième édition du « Mois sans tabac », qui couvre tout le mois de novembre.
Des programmes de sevrage personnalisés
« L’information est notre objectif », conclut le Dr Philippe Guichenez. Et à peine dix minutes après l’arrivée des agents de santé, une dizaine de curieux se sont déjà présentés. La plupart d’entre eux ont joué au « test de CO ». « On mesure le taux de monoxyde de carbone, explique un tabacologue qui consulte à l’Espace Perréal. C’est un petit appareil où les fumeurs soufflent et qui mesure le « CO », le risque de maladie cardiovasculaire du tabac. A 15, 20 ppm on a un haute valeur. »
L’objectif est de personnaliser les programmes et les méthodes de sevrage tabagique en fonction des résultats. Et ce petit appareil soulève des questions. Il intrigue et pousse certains fumeurs à venir le découvrir. Même en laissant un curieux bonheur lorsque le résultat est affiché. « Le test montre » 14 « monsieur … » laisse échapper l’infirmière. « Comment c’est possible? Depuis que je me suis levé, je n’en ai tiré que trois » – s’interroge le futur patient venu spécialement pour cette journée et reparti avec son « kit » et un rendez-vous.
Aider à la prise de conscience
« Nos kiosques sont utiles pour cela car nous aidons à sensibiliser et à faire connaître les réalités de l’abandon du tabac », explique Teresa Babeau, infirmière en arrêt du tabac, principal moteur de la journée, entre deux visites. Par exemple, nous avons eu deux dames qui avaient peur d’arrêter de fumer à cause du stress ou de la prise de poids. Mais quand on leur explique qu’on est là pour apprécier et soutenir leurs efforts, ils les repartent plus apaisés et motivés. »
Des méthodes parfois payantes. «Je viens de Valence et ils ont fait ce que vous avez fait là-bas. Et ça a marché ! J’ai fumé comme un pompier, mais j’ai réussi. Je vous félicite pour votre travail car je pensais que c’était impossible », lance celui qui est venu rendre visite à un membre de sa famille à l’hôpital de Béziers.
De quoi faire sourire les infirmières, ravies d’entendre un tel témoignage. Et aussi pour donner plus de sens à ce « Mois sans tabac » ou « Moi sans tabac », comme aime à le rappeler Teresa Babeau, qui fait également partie de l’équipe de soins et de liaison en addictologie (Elsa) du Centre Hospitalier de Béziers.
Le goût et l’odorat retrouvés après 48 h
Après avoir fumé la dernière cigarette, les premiers bienfaits apparaissent dans les 20 minutes, et la tension artérielle et le rythme cardiaque reviennent à la normale. Huit heures plus tard, les niveaux de monoxyde de carbone sont divisés par deux tandis que les niveaux d’oxygène augmentent à nouveau.
Après 24 heures, le risque d’infarctus est réduit et il n’y a plus de trace de nicotine dans l’organisme. Pendant ce temps, le goût et l’odeur s’améliorent considérablement après 48 heures.
De deux semaines à trois mois après l’arrêt, la toux diminuera et votre respiration reviendra progressivement à la normale avec l’exercice. Un an plus tard, le risque d’AVC est le même que celui d’un non-fumeur. Dans le cas du cancer du poumon, il est réduit de moitié au bout de 5 ans.
« La prise poids est minime »
Questions à Marina Larino, diététiste.
Comment arrêter de fumer affecte-t-il votre alimentation ?
L’arrêt du tabac est souvent ralenti par la peur de prendre du poids. Cela est particulièrement vrai des femmes. Il est donc judicieux de faire le point avec une diététiste lorsque l’on souhaite arrêter de fumer. Notamment, pour se rendre compte que la prise de poids est minime : en moyenne, elle se situe entre trois et cinq kilogrammes. Ce n’est pas si énorme. Nous sommes là pour rassurer les patients.
Qu’est-ce qui est spécifiquement lié à la prise de poids ?
Fumer stimule le métabolisme. Qu’est-ce qui vous fait brûler des calories quand vous fumez… Donc si vous arrêtez de fumer et que vous mangez autant avec une mauvaise alimentation, vous vous retrouverez avec un surplus calorique. Ensuite, généralement, la cigarette réduit l’appétit. Par conséquent, l’activité physique est recommandée. Marcher seul compense et change les idées.
Nous vous recommandons de ne pas faire de régime. Tu dois manger quand tu as faim. Avec une alimentation saine et variée, mais sans restriction. Arrêter de fumer est déjà une limitation. En ajouter plus est la meilleure façon de craquer.