Dans cet article, notre expert en entretien motivationnel (EM) kiné formateur Yannick Barde-Cabusson, s’appuie sur l’EM pour vous donner quelques conseils.

Grâce à des échanges bien menés et à des outils efficaces, vous apprenez à être une véritable aide pour changer le mode de vie de vos patients. Encourager les patients à arrêter de fumer, reprendre une activité physique, mieux prendre soin d’eux… Ces nouvelles habitudes sont parfois difficiles à maintenir dans le temps… Soyons efficaces pour les aider !

Il n’est pas facile d’écrire un article de blog sur les « conseils » lors de l’entretien motivationnel (EM). Certes, en MI plus qu’ailleurs, il est interdit d’interdire… Certes, MI prône une certaine souplesse psychologique dans le style conversationnel utilisé (diriger, guider, suivre)… Néanmoins : donner des conseils pour appliquer la MÉ dans pratiquer, c’est cliniquement compliqué sans connaître les personnes qui pourraient le rechercher.

Tant de retards, allons-y gaiement et retenons un adage légèrement modifié pour l’occasion : l’homme propose, le lecteur décide !

EBP/EBM est un triptyque célèbre pour nos lecteurs. Je le qualifierais volontiers de triptyque d’expérience : expérience patient (valeurs, préférences, attentes, idées, etc.), soignant (une dimension patiente ajoutée à une dimension professionnelle avec raisonnement clinique, compétences techniques, réflexivité, etc.) et les gens d’une approche scientifique (preuve). Naviguer avec les patients à travers ces expériences nécessite des connaissances, savoir comment et savoir comment gérer les nuances et les compromis. Après avoir pratiqué pendant 20 ans et enseigné pendant 10 ans, je pense maintenant savoir où apprendre des données dites factuelles : Ouf !

En quelques années, la profession s’est organisée et s’est efforcée de produire et de diffuser un grand nombre de connaissances. Par contre, j’ai toujours du mal à savoir où trouver des informations sur les deux autres dimensions. Je vais vous donner une demi-tonne d’articles scientifiques expliquant que les praticiens sont trop « BIO » en termes de modèle BPS, trop « égoïstes » en termes de patient-centric. Idem avec une autre demi-tonne d’articles documentant les limites de notre enseignement dans ce domaine.

Comment et où l’apprendre ? Comment et où rafraîchir le raisonnement clinique ? Comment et où augmenter ce que j’appelle « l’expérience active » (acquérir une expérience clinique avec une rétroaction de soi et hétéro par opposition à une expérience « passive » où le thérapeute acquiert des années d’expérience clinique non réflexive en répétant inlassablement des mouvements thérapeutiques basés sur le même schéma cognitif) ? S’il y a un élément de réponse à ces questions, peut-on dire que le poids suffit à « équilibrer » le triptyque ? Je m’arrête là sinon ce billet se terminera par un éditorial que je n’ai probablement pas fait…

Il me semble que l’entretien motivationnel est une réponse possible à la question précédente : il pourrait, par exemple, être le chaînon manquant dans de nombreuses approches thérapeutiques somatiques en délicatesse avec l’aspect psycho-social du traitement. Alors brisons le mythe : l’IM n’est pas qu’une approche clinique de la motivation ! Bien que le cœur de l’EM réside dans ce qu’on appelle un processus de « prise de conscience » dans lequel le patient est invité à réfléchir/argumenter sur le changement, l’EM pose la notion d’implication (relation thérapeutique) et de focus (buts). Ainsi, l’IM enseigne au thérapeute le « comment être avec » (pensées/postures infirmières basées sur le partenariat, l’altruisme, l’empowerment, l’acceptation, etc.) qui accompagne plus techniquement ce qu’il faut faire/ce qu’il faut dire. Un déroulement systématique du temps inter/supervisé* favorise l’expérience active du thérapeute.

*Ici Yannick fait référence au processus d’apprentissage des entretiens motivationnels. Après avoir acquis les principales notions théoriques et pratiqué en formation, les professionnelles en soins doivent utiliser différentes méthodes pour progresser. Il a enregistré une conversation qu’il a eue avec un patient en style conversationnel EM puis… Intervision : l’écoute de l’enregistrement se fait entre guillemets d’égal à égal (donc sans superviseur) : deux ou plusieurs mais chacun discutant dans une position symétrique selon les connaissances et retour d’information sera donné.

Supervision : il y a un superviseur qui guide l’écoute des entretiens, peut répartir les voix s’il y a plusieurs personnes qui écoutent, etc. Il y a là une forme d’asymétrie car les encadrants sont formés à cela (le retour d’expérience est vraiment conçu dans une démarche pédagogique pour améliorer la performance des encadrants) et ont de l’expérience.

À Lire  The French Gut Project, la découverte du microbiote intestinal des Français !

Dans les deux cas, nous pouvons en écouter deux ou plus, mais dans la supervision, nous avons un objectif pédagogique plus formel.

Si je prêche à ceux qui y croient ou si vous retournez simplement sur cette page pour trouver des informations opérationnelles, j’arrête de faire la promotion de MI et vous propose 5 petites idées à mettre en pratique dans votre consultation suite au webinaire de début novembre*.

*Ici Yannick fait référence au webinaire EM du mardi 8 novembre. Lien de rediffusion disponible ici.

IDÉE 1 : Y ALLER POUR PARLER DE CHANGEMENT ! Coup de pied à la porte ? Pas si sûr si l’on en croit la littérature : le thérapeute est souvent un facteur limitant car il peut éviter d’aborder certains sujets avec le patient (tabac, alcool, perte de poids, etc.). Chaque consultation avec un professionnel de la santé peut être une tribune pour discuter des comportements liés à la prévention. Pourtant, de nombreux sujets sont évités par les soignants et leurs patients pour diverses raisons (pas le bon endroit, pas le bon thérapeute, pas le moment, etc.). Le thérapeute peut, s’il le souhaite, utiliser l’opportunité de consultation pour aborder, soutenir ou renforcer le sujet du changement. Il s’agit donc de la volonté des praticiens de gérer/avec leurs propres croyances et pas seulement de gérer/avec les croyances du patient. OSEZ et soyez prêt à accueillir toutes les idées des patients et les vôtres !

IDÉE 2 : GARDEZ VOTRE POSTURE (mais pas posturologique…) Toucher votre nez avec votre pisiforme droit est une commande simple à comprendre (hé, certaines personnes l’essayent devant leur PC… hum). Affinez votre posture thérapeutique (dans l’esprit du MI) dans laquelle des idées telles que l’alliance thérapeutique, le partenariat, l’acceptation, etc. Implicitement élevé. pas si simple à mettre en oeuvre. A la classique question néophyte du « comment être ? Je vais répondre juste pour commencer en utilisant fréquemment « demander la permission de ». Par exemple, dites : « Seriez-vous d’accord si nous parlions de XXX ensemble ? » est un bon début. « Demander la permission de » est un acte simple qui permet de construire un partenariat avec le patient qui, à son tour, déclenche une alliance thérapeutique.

IDÉE 3 : MAÎTRISER ATTENTIVEMENT LES OUTILS MI C’est l’instruction « numéro un » pour les formateurs MI. Nous sommes TOUS trop biaisés sur le plan technique en EM, vous devez donc travailler. Aucune interview n’est parfaite et il y a toujours des choses qui nécessitent des corrections techniques lorsque nous nous entendons à nouveau (intervision/supervision). FORMATION puis RECONVERSION et enfin RECONVERSION…

IDÉE 4 : … MAIS ABANDONNER PARFOIS LES OUTILS En se concentrant sur la technique et le « comment », on oublie parfois l’essentiel : « à quoi sert la technique ». Il est tout à fait possible d’utiliser parfaitement les outils techniques d’EM… qu’il pleuve ou qu’il vente ! DEMANDEZ DES CHANGEMENTS non seulement par des aspects techniques, mais aussi, comme dit au point 1, par des discussions orientées vers le changement (demander aux patients leurs désirs, leurs capacités, leurs raisons, leurs besoins, etc.).

IDÉE 5 : PENSEZ À GEORGES Soyez écoresponsable mais ne lésinez pas sur ce conseil : si les capsules en aluminium sont polluantes, le message de Georges Clooney reste basique si vous voulez « enhardir » la conversation autour du changement. « What else ? » devrait être votre nouveau mantra. Nous voyons de nombreux praticiens terminer de courts entretiens de motivation à court d’idées pour guider les patients. beaucoup de questions et pas assez d’utilisation de réflexions complexes pour plonger dans l’univers du patient. Si le ratio 1/3 ou ¼ est populaire en MI (1 question ouverte pour 3 ou 4 réflexions), autrement » pour encourager le patient à faire face au changement.

J’espère vous voir avant la fin du monde (dépêchez-vous ? !)