Rien n’est perdu, tout est restauré ! Les élégants héritiers d’Antoine Lavoisier, Cora, Océane et Marie fouillent dans les bacs des supermarchés de Bordeaux à la recherche de produits propres à la consommation. « Il y a plein de bananes, de brocolis, de céleri, de carottes ! » La démarche anti-gaspillage des trois copines a d’autant plus de sens que le prix des produits de première nécessité a augmenté.
« Savoir que tout a été jeté alors que c’est parfaitement comestible, c’est terrible », déclare Cora Bossuet, gérante de l’épicerie vegan Graines et Cailloux.
« Mais qu’est-ce que vous faites dans les poubelles ? »
, situé dans le quartier de la Victoire à Bordeaux. A 23 ans, ce jeune militant a publié ce mercredi « Freegan – principes et recettes pour manger sans rien dépenser » (Editions La Plage). Un livre sur ses voyages nocturnes contre le gaspillage, son mode de vie et son adhésion au freeganisme.
Contraction de « freedom » et vegan, le mouvement freegan est né aux Etats-Unis dans les années 1990, avant de faire des émules en Europe. « Je l’ai découvert en Allemagne et je l’ai suivi en revenant à Bordeaux », explique Cora, alias la.freeglaneuse.
, les mains dans une poubelle.
« On trouve beaucoup de yaourts. Mon frigo, c’est une crémerie ! »
Un jeune défie un groupe de copines dans la vingtaine. « Bonjour, je suis très intrigué, nous sommes sur la terrasse d’à côté et nous vous avons vu dans la poubelle il y a quelques temps, qu’est-ce que vous faites ? »
Munies de lampes frontales et de gants, « parce que c’est un peu sale », Cora, Océane et Marie ouvrent un à un les sacs poubelles, étalent la nourriture avant de nettoyer le trottoir et partagent leurs trouvailles. « Ce soir la prise est petite, on a plein de yaourt, de lait, j’ai trouvé des algues, on a aussi eu du tofu, des raviolis. »
Océane et Marie explorent les supermarchés bio de la ville avec Cora depuis des années. « On s’est concentré sur les magasins bio parce qu’on mange végétalien et végétarien. Même si ça passe par la poubelle, on peut quand même avoir des trucs de qualité ! ».
Un remède contre l’inflation : « Je n’achète quasiment plus rien »
« Regardez cette laitue, les premières feuilles sont abîmées, il suffit de les enlever, le coeur est neuf et bien croustillant (…) ces poires sont abîmées mais parfaitement mûres et délicieuses ! » Idem ces carottes « mal calibrées » qui finiront en purée.
« Nous les prenons, les cuisinons, les transformons et les congelons pour qu’ils ne se perdent pas. » Trois jeunes femmes ont fait de la lutte contre le gaspillage un mode de vie*. « C’est fou et insupportable que des gens meurent de faim en France et dans le monde quand on voit tout ce qu’on trouve à la poubelle. Et puis c’est triste qu’il y ait des gens qui mettent leur coeur à produire des choses et qu’on mette tout leur travail à la poubelle ». .* »
Si les trois personnes ont d’abord voulu lutter contre le gaspillage alimentaire, les dernières nouvelles ont renforcé leur distance. « Évidemment, ça peut être une alternative pour les gens qui ont des problèmes pour faire leurs courses. »
Chiffres clés et loi anti-gaspillage
« C’est ce que nous appelons un freegan au juste prix », dit Cora avec un sourire. Après avoir étalé tout ce que nous avons collecté, nous le recherchons pour savoir approximativement combien il vaut. 200 € la nuit, donc c’était assez incroyable. »
« Ils ont tout à fait raison », lance un retraité en rencontrant les trois jeunes femmes. « Le problème, a-t-il ajouté, c’est qu’il n’y a pas assez de gens pour le faire. »
Le gaspillage alimentaire atteint la France
10 millions de tonnes de produits par an, valeur estimée à 16 000 milliards d’euros. « Près de 20 % des aliments produits chaque année finissent à la poubelle », selon le ministère de l’Agriculture. Cela représente 150 kg de nourriture par personne et par an.